Ce que l'on sait de la mort des deux journalistes français enlevés au Mali
Deux journalistes de RFI, en reportage à Kidal, dans le nord du Mali, ont été enlevés et tués samedi.
Deux journalistes français ont été enlevés et assassinés à Kidal (Nord-Mali), samedi 2 novembre. Claude Verlon et Ghislaine Dupont, de RFI,étaient en reportage quand ils ont été kidnappés, à 13h10 (14h10 heure de Paris), dans le centre de ce bastion du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA). D'après le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, ils ont été "assassinés froidement", touchés par plusieurs balles.
Qui sont les journalistes tués ?
Ghislaine Dupont et Claude Verlon "étaient en reportage. Ils avaient chacun un appareil d'enregistrement et avaient rendez-vous vers la Banque malienne de solidarité de Kidal", précise une source militaire à l'AFP. Ghislaine Dupont, 51 ans, couvrait l'actualité du continent africain depuis son entrée à RFI, en 1986. Claude Verlon, 58 ans, technicien de reportage pour RFI depuis 1982, était "un homme de terrain chevronné", décrit RFI dans un communiqué.
"Ces deux grands professionnels et spécialistes de l'Afrique depuis de nombreuses années rendaient compte sur le terrain du quotidien des Maliens, à la veille des élections législatives et au moment des assises du Nord", écrit encore la radio. Et d'ajouter que "toutes les précautions en matière de sécurité avaient été prises".
Que s'est-il passé ?
"Ils ont été enlevés par quatre hommes à bord d'une Toyota à Kidal-ville", a déclaré son gouverneur, Adama Kamissoko, en marge d'une visite à Bamako. "Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont été enlevés devant le domicile d'Ambéry Ag Rissa, un éminent représentant du MNLA de Kidal", écrit RFI. L'homme "a entendu un bruit suspect dans la rue, des coups de crosse portés contre le véhicule de nos reporters", précise la "radio mondiale" sur son site. "Il a alors entrouvert sa porte et vu les ravisseurs embarquer nos deux journalistes dans un véhicule 4X4 beige."
Un étudiant en journalisme donne d'autres détails sur le déroulement des événements. Les ravisseurs auraient pris le téléphone portable d'un témoin qui filmait la scène.
#Mali: #kidal,les ravisseurs ont retiré le téléphone d'un jeune homme qui assistait à la scène puis lui ont balancé un autre appareil.
— AG TITA Assaleck (@agtita) November 2, 2013
D'après le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, ils ont été "kidnappés par un petit commando et emmenés hors de Kidal". Un peu plus tard, "leurs corps ont été retrouvés, assassinés froidement". Le ministre, qui s'exprimait dimanche après une réunion de crise à l'Elysée et une rencontre avec une délégation de RFI, a ajouté que "l'un a reçu deux balles, l'autre trois". Leurs corps étaient "à quelques mètres de la voiture fermée à clé", qui ne présentait aucun impact.
Où ont-ils été enlevés ?
Kidal, à plus de 1 500 km au nord-est de Bamako, près de la frontière avec l'Algérie, est depuis longtemps le fief des multiples rébellions touareg (en 1963, 1990 et 2006). La ville est contrôlée par le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA). Lorsque les troupes françaises avançaient vers le Nord-Mali, les islamistes d'Ansar Dine ont abandonné le bastion et les séparatistes laïques du MNLA y ont repris leurs quartiers.
Que sait-on de leurs assassins ?
On ignore encore à quelle organisation appartiennent les ravisseurs. Plusieurs groupes islamistes circulent dans la région, comme Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ou Ansar Dine. Sur Twitter, l'ancien ministre des Affaires étrangères malien, Tiébilé Dramé, affirme que de nombreux islamistes circulent à Kidal.
Depuis fin septembre des commandants d'Ançardine paradent dans Kidal au vu et au su de tous. Le retour de militants islamistes est connu.
— Tiébilé Dramé (@T_Drame) November 2, 2013
La ville est pourtant occupée par les troupes françaises de l'opération Serval, l'armée malienne, ainsi que la force internationale de la Minusma, rappelle un journaliste de la BBC.
There are c 200 French troops in #Kidal, c. 200 #UN, a #Malian army base & well-armed #MNLA. And 2 journalists seized in broad daylight.
— Mark Doyle (@Doylebytes) November 2, 2013
Interrogé par RFI, le responsable du MNLA rencontré par les deux journalistes a expliqué que l'un des ravisseurs, muni d'une arme automatique, lui a intimé l'ordre de rentrer chez lui. Il parlait en tamasheq, la langue des Touareg.
Lors de son allocution, Laurent Fabius a affirmé que "les assassins, ce sont ceux que nous combattons, c'est-à-dire les groupes terroristes qui refusent la démocratie et refusent les élections".
Quelles réactions de la France ?
"Immédiatement" après la découverte des corps, "une action a été organisée pour essayer de retrouver les assassins", a ajouté le ministre, sans indiquer si elle était toujours en cours. "Il faut souligner que la sécurisation de l'ensemble de la zone et des zones voisines va être accrue", a-t-il encore dit.
Il se rendra dans la journée à la rédaction de RFI avec la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti. Par ailleurs, Marie-Christine Saragosse, PDG de France Médias Monde, qui inclut RFI, va partir pour Bamako pour rapatrier les corps des deux journalistes.
Enfin, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour des faits d'enlèvement et séquestration suivis de meurtres en lien avec une entreprise terroriste.
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