G5 Sahel : les Africains "ont l'impression que leurs dirigeants vont voir le grand chef blanc", critique un journaliste spécialisé
Face à la multiplication des attaques jihadistes au Sahel, Emmanuel Macron réunit à Pau (Pyrénées-Atlantiques) les présidents de cinq pays de la région.
Renforcer la légitimité contestée des militaires français déployés sur place et mobiliser les alliés européens, c'est l'enjeu du sommet du G5 Sahel qui se déroule lundi 13 janvier à Pau (Pyrénées-Atlantiques).
"Une forme d'ambiguité"
Invité de franceinfo lundi 13 janvier, le journaliste Antoine Glaser, spécialiste de l'Afrique subsaharienne, dénonce "une forme d'ambigüité" de cette rencontre qui se déroule à Pau (Pyrénées-Atlantiques)."Pour les populations africaines, ils ont l'impression que leurs dirigeants vont à Canossa voir le grand chef blanc. Donc, vous restez dans une forme d'ambigüité", explique Antoine Glaser, en faisant référence à un moment clef du conflit médiéval entre la papauté et l'empire germanique.
Le journaliste rappelle qu'au mois de décembre 2019, Emmanuel Macron a convié les cinq dirigeants africains à Pau pour renforcer la légitimité contestée de la France sur le terrain. "Quand vous convoquez en décembre des chefs d'Etat africains, vous les humiliez vis-à-vis de leur propre population." Mais ce sommet a des airs d'"écho des savanes", ajoute Antoine Glaser. "Emmanuel Macron fait ça, mais beaucoup plus à destination intérieure de la France en disant, 'voyez, les Français ne vont pas mourir pour rien dans le Sahel africain'."
Sentiment anti-français
Face au sentiment anti-français qui se développe en particulier au Mali, "la présence de l'armée française sert de cache-misère à une présence française globalement en déshérence sur le continent", estime Antoine Glaser. Vendredi 10 janvier, un millier de personnes ont manifesté à Bamako pour réclamer le départ des troupes françaises et étrangères.
Ces mouvements anti-Français de la société civile "s'adressent finalement beaucoup plus aux dirigeants africains, mais c'est la France qui est visée", précise le journaliste. Il ajoute que les chefs d'Etat africains dirigent "les sociétés civiles africaines en utilisant la France comme bouc émissaire. C'est ce qui agace profondément Emmanuel Macron".
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