Mali : les engins explosifs improvisés sont "un risque qui est pris en compte", assure le porte-parole de l'état-major de l'armée
Deux soldats français sont morts dans l'explosion d'un de ces engins samedi 2 janvier.
Les engins explosifs improvisés sont "un danger et un risque qui sont pris en compte", a déclaré dimanche 3 janvier sur franceinfo le colonel Frédéric Barbry, porte-parole de l’état-major des armées. Il réagissait à la mort de deux militaires français au Mali samedi 2 janvier, dont le véhicule a été victime d'une attaque à l'engin explosif improvisé. Le porte-parole assure "que toutes les méthodes, tous les savoir-faire sont utilisées pour réduire ce risque", et il insiste sur la "succession de succès tactiques qui se sont accumulés ces dernières semaines, ces derniers mois, et qui montrent que le travail de la force Barkhane et des forces partenaires a été particulièrement bien menée."
franceinfo : Que s'est-il exactement passé ce samedi ?
Frédéric Barbry : Les faits se sont déroulés en milieu de matinée lors d'une patrouille de reconnaissance et de renseignement au nord de Ménaka, une ville dans le centre du Mali. C'est un véhicule blindé léger VBL de la force Barkhane, qui était armé par trois militaires, qui a été atteint, touché par un engin explosif improvisé. En dépit des soins qui y ont été prodigués immédiatement par leurs camarades. Nous devons déplorer la mort du sergent Huynh ainsi que du brigadier Risser et il y a un autre membre d'équipage qui lui a été blessé, fort heureusement son état est stable et son pronostic médical n'est pas engagé.
Les engins explosifs improvisés, c'est qui représente le danger principal à l'heure actuelle autour de l'opération Barkhane ?
C'est un danger et c'est un risque également, mais qui est pris en compte, qui cause effectivement des dégâts. Maintenant, il faut bien voir également que toutes les méthodes, tous les savoir-faire sont utilisées pour réduire ce risque, pour réduire cette menace. Ces engins explosifs improvisés, ce sont des dispositifs relativement sommaires, avec une charge explosive qui peut être protéiforme, et un dispositif d'allumage qui est particulier, qui peut être soit un plateau à pression, soit un fil de traction, ou un dispositif qui peut être mis en charge à distance.
Pouvez-vous nous rappeler quelle est la mission des troupes de l'opération Barkhane ?
La mission des troupes de l'opération Barkhane a été réaffirmée par le président de la République, chef des armées, lors du dernier sommet de Pau. Il s'agit de concentrer nos efforts dans la région dite "des trois frontières" entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, contre un ennemi qui est clairement désigné, c'est l'EIGS, l'État islamique au Grand Sahara afin de l'attritionner de façon suffisante pour le mettre à niveau des forces de sécurité intérieure locales et permettre ainsi un plein retour à la gouvernance dans cette zone. Alors il est quand même important de noter qu'il y a une succession de succès tactiques qui se sont accumulés ces dernières semaines, ces derniers mois, et qui montrent que le travail de la force Barkhane mais également des forces partenaires, a été particulièrement bien menée puisque nous avons contraint l'Etat islamique au Grand Sahara à devoir se retirer. Nous l'avons empêché de recruter. Nous lui avons dénié toute forme de libre accès dans des zones sanctuaires et donc, à cet égard, ces succès tactiques sont à mettre au profit de la force Barkhane et des forces partenaires. Même si encore, nous devons déplorer la mort pour la France de deux de nos camarades du 2e régiment de hussards de Haguenau.
La France n'est-elle pas un peu seule dans cette mission, malgré l'arrivée de quelques renforts européens ?
Je pense qu'il ne faut pas minimiser cette participation européenne et au-delà, puisque nous avons nos camarades et alliés américains qui nous fournissent du renseignement, du transport stratégique, qui fournissent également du ravitaillement en vol, nous avons nos camarades allemands et espagnols qui nous fournissent également du transport stratégique et intra-théâtre. Nous avons nos camarades britanniques qui nous fournissent trois hélicoptères du groupement tactique désert aéromobile. Et puis, on a quand même, au sein de la task force européenne Takuba, un premier task groupe, c'est à dire une première entité franco-estonienne qui a montré sa pleine efficacité opérationnelle le mois dernier au cours d'une opération d'envergure avec plus de 3 000 personnes sur le terrain. Nous avons actuellement en cours de constitution à Ménaka, un deuxième task groupe avec nos camarades tchèques qui montent en puissance. Et puis, nos camarades et partenaires suédois vont venir avec plus d'une centaine de personnes, des aéronefs, des structures lourdes. Donc on ne peut pas dire que l'européanisation ne fonctionne pas, elle est en marche. Ca pourrait toujours être plus rapide, mais c'est un fait avéré, ça a été démontré sur le terrain. En ce qui concerne les forces partenaires, là encore, on pourrait souhaiter que ce soit plus rapide, mais on constate quand même une véritable montée en gamme des forces armées maliennes, des forces armées nigériennes. Il n'y a pas eu depuis longtemps d'attaques complexes. Et quand il y a eu des attaques, les forces armées locales ont parfaitement riposté.
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