Le Mali dans la tourmente

Une semaine après le coup d'Etat militaire, les trois régions nord sont tombées aux mains des rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), du mouvement islamiste Ansar Dine appuyé par des éléments d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et autres groupuscules islamistes.

L'Azawad, immense territoire aride d'une surface équivalente à celle de la France et de la Belgique réunies, situé au nord du fleuve Niger, comprend les trois régions administratives de Kidal, Tombouctou et Gao. La population se compose de différentes ethnies : Touaregs, Maures et tribus africaines.

Après le repli désordonné de l'armée malienne, les touaregs du Nord-Mali ont proclamé l'indépendance de "l'Azawad", mais leurs "alliés" islamistes y sont opposés et prônent la lutte pour l'Islam et la charia.
 

Les touaregs du MNLA
Les Touareg, Sahariens d'origine berbère et membres de diverses tribus, sont estimés à environ 1,5 million de personnes réparties entre le Niger, le Mali, l'Algérie, la Libye et le Burkina Faso.

Au Mali, la région de l'Azawad est considérée comme le berceau naturel des Touareg. L' indépendance proclamée par le MNLA est revendiquée depuis l'époque de la décolonisation du Mali. Le MNLA qui réclame au minimum le droit à l'autodétermination pour l'Azawad, se présente comme un mouvement démocratique et laïc. Ses éléments commandés par le colonel Mohamed ag Majim sont des combattants aguerris, surarmés et nombre d'entre eux ont combattu en Libye auprès de l'ex-dirigeant Mouammar Kadhafi.

La rébellion touareg est passée à l'offensive dans le Nord à la mi-janvier 2012.
A la faveur du coup d'Etat militaire du 22 mars à Bamako, les rebelles accélèrent leur avancée et prennent en trois jours, du 30 mars au 1er avril, Kidal, Gao, puis Tombouctou, s'emparant ainsi de toute la moitié nord du Mali. Mais très rapidement les islamistes d'Ansar Dine, appuyés par des groupes criminels, ont, depuis, supplanté les touaregs du MNLA à Tombouctou, où trois des principaux chefs d'Aqmi d'origines algériennes, dont Mokhtar Belmokhtar, figure historique du mouvement terroriste, sont signalés, le 3 avril.

Tombouctou sous la loi islamiste reportage Dominique Derda France 2

Le mouvement islamiste d’Ansar Dine
Composé d'éléments issus de populations sahélienne et arabe, le mouvement Ansar Dine (les partisans de l'islam, en arabe), dirigé par Iyad Ag Ghaly, inscrit son combat dans un jihad sans frontière.
A contrario de la composante laïque et indépendantiste de la rébellion touareg, incarnée par le MNLA, le chef militaire d'Ansar Dine, Omar Hamaha, qui a pris le contrôle de Tombouctou, affirme mener une guerre «contre l'indépendance» de l'Azawad et «pour l'Islam».

Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi)
Allié supplétif du mouvement islamiste Ansar Dine, l'organisation d'Al-Qaïda au pays du Maghreb islamique (Aqmi), spécialisée dans les attaques, les enlèvements et les trafic divers, est issue du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien, né d'une scission du Groupe islamique armé (GIA).

Outre la rébellion touareg, le Mali et ses voisins sont confrontés aux activités d'Al-Qaida au Maghreb islamique et autres réseaux criminels, tandis que l'afflux d'armes issues du conflit libyen exacerbe les risques. Dans un contexte de forte tension régionale, l'enracinement d'Aqmi au Nord-Mali représente un risque majeur de déstabilisation pour toute la zone des pays autour du Sahel.