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Mali : huit mois de négociations pour un accord de compromis

Un «accord de paix et de réconciliation» a été trouvé le 1er mars à Alger entre le gouvernement malien et les parties prenantes du conflit dans le nord du Mali. Mais il n’a pas été paraphé par la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), regroupant les Touaregs du MNLA et du HCUA qui réclament un délai pour consulter la population. Le point.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, préside à Alger une réunion sur les négociations de paix, en présence de diverses factions belligérantes du Mali.  (CITIZENSIDE / FAYCAL NECHOUD)

Depuis juillet 2014, six groupes ont participé aux discussions avec le gouvernement malien, sous médiation algérienne : outre le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, un temps allié aux groupes liés à al-Qaïda, comme le Mujao et Ansar Dine), il s’agit du Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), du Mouvement arabe de l'Azawad (MAA), du Mouvement arabe de l'Azawad-dissident (MAA-dissident), de la Coordination pour le peuple de l'Azawad (CPA) et de la Coordination des Mouvements et fronts patriotiques de résistance (CM-FPR).
 
La Coordination des mouvements de l'Azawad réserve sa signature
Le texte appelant à «reconstruire l'unité nationale du pays sur des bases novatrices, qui respectent son intégrité territoriale, et qui tiennent compte de sa diversité ethnique et culturelle», insiste sur l'unité et l’intégrité territoriales du Mali, ainsi que sur son caractère républicain et laïc.
 
Selon le souhait du gouvernement malien, aucune référence à l’autonomie ou au fédéralisme n’y apparaît, au grand dam des leaders de la CMA et d’une partie de la société civile du Nord-Mali. Les amendements institutionnels et sécuritaires demandés par la CMA sont restés lettre morte. Mais le texte cite comme une «réalité humaine» l'appellation d'Azawad, par laquelle les groupes à dominante touareg désignent la région où ils vivent.
 
Pour autant, la CMA a demandé avant de signer un «délai raisonnable» de consultation, arguant qu’un «accord non-partagé avec les populations» a «peu de chance d'être appliqué sur le terrain». Sa présence aux négociations laisse toutefois à penser qu’elle pourrait ratifier fin mars cet accord à Bamako.

Bilal Acherif, secrétaire général du Mouvement national pour la libération de l'Azawad, le 1er mars 2015 à Alger, dans le cadre des pourparlers de paix entre le gouvernement malien et certains groupes armés du Nord. (AFP PHOTO / FAROUK BATICHE)
 
Principales dispositions de l’accord
Selon Jeune Afrique, le texte prévoit la «création d’Assemblées régionales élues au suffrage universel direct et dotées de pouvoirs importants dans un délai de dix-huit mois, assortie d'une promesse de "plus grande représentation des populations du Nord au sein des institutions nationales"» et aussi «l'intégration des combattants des mouvements du Nord dans l'armée malienne, y compris à des postes de commandement.»
 
En outre, le document stipule qu’une Commission d'enquête internationale devra faire la lumière sur tous les crimes de guerre, contre l'humanité, de génocide et autres violations graves des droits de l'Homme pendant le conflit.
 
Des pourparlers sous la pression
Tant les protagonistes que la médiation algérienne ont subi la pression de la communauté internationale pour qu’aboutissent les négociations. En tête de laquelle la France, à l'origine de l’opération Serval, intervention internationale lancée dans le nord du Mali en 2013.
 
Mais la tâche est ardue, car deux ans après l'intervention française, la région reste instable et les mouvements islamistes ne sont jamais loin. Et puis les populations de ce vaste territoire sahélien continuent à faire entendre leur voix. Comme le 28 février 2015, quand les pro-Azawad ont manifesté contre le texte à Ber, à Ménéka et à Kidal

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