Mali : le général Amadou Sanogo, un ancien putschiste jugé pour crime de sang
Les Maliens attendaient ce jour avec impatience. «Il faut juger Sanogo parce que la réconciliation au Mali passe par la justice», se félicite un enseignant malien, interrogé par l’AFP.
Comme le rappelle la presse malienne, il aura fallu un long combat judiciaire mené par les proches des victimes et les défenseurs des droits de l’homme pour en arriver là. Un procès pour «assassinat et complicité d’assassinat» suivi avec attention bien au-delà des frontières du Mali.
Au Burkina Faso, le journal le Pays s’interroge sur ce qui a bien pu se passer pour qu’on en arrive à toutes ces atrocités. «Amadou Haya Sanogo est-il l’homme cruel et le vampire que d’aucuns décrivent ?» demande le journal qui rappelle que son coup d’Etat «a déstabilisé le pouvoir et fragilisé davantage le pays laissé à la merci des djihadistes».
Amadou Haya Sanogo avait fait irruption sur la scène politique malienne en mars 2012. Le coup d’Etat mené contre le président Amadou Toumani Touré par un jeune capitaine sorti de nulle part n’avait pas fait l’unanimité au sein de l’armée.
Certains frères d’armes, «les Bérets rouges» du bataillon des parachutistes avaient tenté vainement un contre coup d’Etat avant d’être pourchassés par les putschistes. 21 corps de ces militaires seront retrouvés en 2013, dans un charnier, non loin du camp Kati, qui fût le quartier général de Sanogo et de ses hommes.
Promu aussitôt général, l’officier putschiste est ensuite tombé en disgrâce au terme d’une transition qui s’est achevée en août 2013 par l’élection du président Ibrahim Boubacar Keïta. Arrêté en novembre 2013, il attendait son procès dans une prison placée sous haute sécurité. Il risque la peine de mort s'il est reconnu coupable.
Le message est clair, «tout partisan du pouvoir kaki le fera à ses risques et périls », écrit le journal Aujourd’hui du Burkina Faso.
La fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) qui s’est constituée partie civile, salue un pas important dans la lutte contre l’impunité. «Le Mali s’honore à rendre justice et à donner aux accusés un droit que ces derniers ont nié à leurs victimes», s’est félicité Clémence Bectarte, avocate des victimes pour la FIDH.
«Le procès mettra le temps qu’il faut pour la manifestation de la vérité», a déclaré le procureur général, Mamadou Lamine Coulibaly, à l’ouverture du procès. Parmi les autres accusés dans ce procès figurent notamment l’ancien ministre de la Défense, le Général Yamoussa Camara et l’ex-chef d’état-major des armées le général Dahirou Dembélé.
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