Réinstallée au Mali, Sophie Pétronin "finit sa vie là où elle a toujours voulu la finir", assure le journaliste Anthony Fouchard
L'ex-otage Sophie Pétronin a regagné le Mali au mois de mars. Elle avait été libérée en octobre 2020 après quatre ans de détention dans le nord du pays.
Sophie Pétronin "finit sa vie là où elle a toujours voulu la finir", a déclaré mardi 2 novembre sur franceinfo le journaliste Anthony Fouchard, journaliste et auteur du livre "Il suffit d'un espoir", à propos du retour de l'ex-otage de 76 ans à Bamako au Mali depuis sept mois. L'humanitaire française avait été libérée en octobre 2020 après quatre ans de détention dans le nord du Mali, sa libération avait abouti après de très longues discussions et la libération de dizaines de jihadistes.
franceinfo : Est-ce que vous avez été surpris par ce retour au Mali de Sophie Pétronin ?
Anthony Fouchard : Non, absolument pas surpris d'autant plus que j'ai vécu avec elle du jour de sa libération jusqu'à son départ et j'ai constaté tout comme sa famille son état qui ne faisait qu'empirer, elle dépérissait de jour en jour et avait des pensées très noires pour une femme de 76 ans. Elle l'a dit et répété, sa vie ces 25 dernières années a été consacrée au Mali, elle a sa fille adoptive qui y est toujours et elle avait à coeur de la retrouver et je pense que cela peut être compris par le plus grand nombre.
Etes-vous inquiet pour elle ?
Je suis inquiet d'une certaine manière, c'est-à-dire que depuis huit mois cette situation officieuse ne posait de problème à personne. Les autorités maliennes, suisses, françaises étaient au courant de la présence de Sophie Pétronin à Bamako au Mali. Ce qui pose question aujourd'hui, c'est le timing. Pourquoi les autorités maliennes choisissent de rendre publique sa présence avec ce communiqué qui fuite sur les réseaux sociaux ? Ce n'est même pas diffusé via une voie étatique.
Le seule élément politique que l'on peut mettre en avant, c'est cette brouille, cette dispute entre les aurotiés françaises et maliennes qui est sur la place publique. Est-ce qu'elle sera un dommage collatéral de cette brouille ? Va-t-elle pouvoir rester ? Va-t-elle être séparée de sa fille ? Elle est là mon inquiétude et pas sur sa sécurité, puisqu'à Bamako, même si c'est une capitale touchée par le terrorisme, on peut encore vivre en tant que ressortissant étranger. Je me base sur ce que Sophie m'a dit puisque je l'ai eue au téléphone il y a encore quelques heures.
Comment va-t-elle aujourd'hui ?
Très bien, elle vivait jusqu'à la semaine dernière une retraite plutôt paisible, en tout cas c'est comme ça qu'elle le décrivait. Elle a retrouvé sa fille, qui était son objectif principal et qui au passage a passé son baccalauréat. Elle finit sa vie là où elle a toujours voulu la finir. Il y a 25 ans, elle quitte l'Europe parce qu'elle perd un de ses fils dans un accident de montagne et elle s'était fait la promesse de ne jamais revenir. Quand elle est ramenée du désert jusqu'à la Suisse, sans même l'opportunité de voir sa fille, elle le vit comme une brutalité sans nom. C'est une dame de 76 ans qui a pu avoir des paroles qui ont choqué, mais il faut essayer de les nuancer, de comprendre et de ne pas céder à la polémique.
On se souvient des appels désespérés de la famille pour que les autorités françaises s'occupent de son sort, vous comprenez que ce retour puisse malgré tout interpeller ?
Oui, je comprends que du point de vue des gens qui prennent cette histoire de loin puissent être étonnés qu'une dame, après avoir passé quatre ans dans le désert, veuille retourner dans ce pays. Mais la nuance, elle est là, elle est dans ce pays. Sophie ne veut pas retourner dans le désert, elle ne veut pas être prise en otage et repartir dans le nord du Mali manger du sable des années durant, pour le dire trivialement. Là, elle est à Bamako, dans un pays qu'elle aime.
Quant aux contreparties ou au storytelling qu'on pourrait attendre d'un otage en temps normal, elle ne s'y conforme pas. Et puis, les aventures de son fils Sébastien Petronin sont inédites dans cette affaire. Je rappelle quand même que l'État français l'a missionné et l’a financé pendant au moins deux ans pour qu'il mène lui-même les négociations pour libérer sa mère. Je comprends que certains puissent être étonnés. Je pense qu'avec les bonnes informations et avec ces explications là, on puisse a minima essayer de se replacer dans une posture un peu plus neutre.
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