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Ce qu'il faut savoir sur la normalisation des relations entre le Maroc et Israël

Le rapprochement entre les deux pays s’inscrit dans le cadre d’un accord négocié avec l’aide des États-Unis.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Le ministre israélien des affaires étrangères Yaïr Lapid lors d'une conférence de presse à Casablanca au Maroc, dans le cadre de sa première visite officielle au Maroc le 12 août 2021. (JALAL MORCHIDI / ANADOLU AGENCY)

Annoncée fin 2020 par l’ex-président américain Donald Trump, la normalisation des relations entre le Maroc et Israël se concrétise au fil des mois. Au programme : accords multiples, vols commerciaux directs entre les deux pays et ouverture réciproque d’ambassades dans "quelques mois", selon le chef de la diplomatie israélienne Yaïr Lapid qui a effectué, le 11 août 2021, sa première visite officielle à Rabat. Que sait-on sur la normalisation entre les deux pays et que change-t-elle vraiment ?

Normalisation contre Sahara occidental

La question de la normalisation des relations entre Rabat et Tel Aviv a été relancée en février 2020 à l'occasion d'une visite officielle au Maroc de l’ancien chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo. Le Maroc s’était montré prêt à faire un geste en contrepartie d'un soutien américain à la question du Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole revendiquée à la fois par les Marocains et les indépendantistes du Polisario soutenus par l'Algérie. En décembre, Washington reconnaît officiellement et pour la première fois de son histoire, la pleine souveraineté du Maroc sur le territoire disputé du Sahara occidental. Le Maroc s’engage sur la voie de la normalisation.

Nouveau pays arabe sur la liste

Le Maroc est le quatrième pays arabe après les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Soudan, à avoir normalisé ses relations avec Israël en 2020 sous l'impulsion des États-Unis. Avant eux, il y a eu l’Égypte en 1979, puis la Jordanie en 1994 dans le cadre d’accords de paix.

Ce n’est pas la première fois que le Maroc se rapproche d’Israël. Les deux pays ont entretenu des relations officielles de 1993 à 2000. Il n’y avait pas d’ambassades, mais des "bureaux de liaison" qui ont fermé suite à la seconde intifada (soulèvement) des Palestiniens. Ces derniers voient d’un mauvais œil le rapprochement avec Israël et le qualifie de "trahison". Au Maroc, une partie de la population reste opposée à toute normalisation avec l'Etat hébreu. Selon un sondage récent, plus de 40% des Marocains soutiennent l'accord.

Une importante communauté juive

La communauté juive du Maroc, présente depuis l’Antiquité, est la plus importante d'Afrique du Nord avec près de 3 000 personnes. Un nombre qui semble dérisoire en 2021 quand on sait que le royaume compte plus de 30 millions d’habitants. Pourtant dans les années 1940, ils étaient près de 250 000, soit 10% de la population. Mais beaucoup sont partis après la fondation d’Israël, en 1948. Aujourd’hui, plus de 700 000 Israéliens sont d'ascendance marocaine et ont souvent gardé des liens forts avec leur pays d'origine.
Avant même de normaliser ses relations diplomatiques avec Israël, le Maroc a lancé une réforme scolaire qui intègre l’enseignement de l'histoire et de la culture de la communauté juive. Une première dans le monde arabe.

Coopération politique et cybersécurité

Coopération politique, aviation, culture, sport … Plusieurs accords ont été signés lors de la première visite officielle au Maroc du ministre israélien des affaires étrangères, Yaïr Lapid qui a salué "la restauration de la paix et l'amitié". L’une des premières concrétisations est sans doute le lancement des lignes aériennes commerciales directes entre les deux pays. Avant la pandémie, des dizaines de milliers d’Israéliens, pour la plupart d'origine marocaine, visitaient chaque année le royaume, mais devaient transiter par d'autres pays. Le Maroc et Israël avaient par ailleurs signé en juillet dernier à Rabat un accord de coopération en matière de cyberdéfense, portant sur "la coopération opérationnelle, la recherche, le développement et le partage d'informations", comme l’avait indiqué sur Facebook la direction nationale israélienne de la cybersécurité.

Récemment, le royaume a été accusé d'avoir eu recours au logiciel d'espionnage Pegasus, conçu par la société israélienne NSO. Rabat a catégoriquement démenti "ces allégations mensongères et infondées" et enclenché des procédures judiciaires.

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