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La police marocaine convoque le journaliste Omar Radi après les révélations sur l’espionnage dont il a fait l’objet

Le journaliste d’investigation marocain a reçu une convocation l’informant qu’il était soupçonné d’intelligence avec une puissance étrangère. Il y a trois jours, un rapport d’Amnesty International estimait que le téléphone du journaliste avait été espionné par les autorités.

Article rédigé par Sylvain Tronchet - Cellule investigation de Radio France
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le journaliste marocain Omar Radi (FORBIDDEN STORIES)

Le journaliste Omar Radi a annoncé qu’il était convoqué jeudi 25 juin à 10 heures par une unité de la direction générale de la sûreté nationale marocaine. Cette convocation intervient trois jours après la publication d’un rapport d’Amnesty International établissant que son téléphone avait fait l’objet d’un espionnage particulièrement sophistiqué courant 2019. Le procureur général du Roi a expliqué dans un communiqué que cette convocation intervenait "dans le cadre d’une enquête sur son implication présumée dans une affaire d’obtention de financements de l’étranger, en relation avec des services de renseignement".

Dans une interview donnée au collectif Forbidden Stories (dont fait partie la Cellule investigation de Radio France), Omar Radi a estimé que "l’accusation du parquet [était] absolument ridicule". "C’est clairement lié aux récentes révélations d’Amnesty International et de Forbidden Stories sur le fait que mon téléphone a été espionné par le Maroc à travers une technologie israélienne", a-t-il ajouté.

Les experts d’Amnesty International ont établi que le téléphone du journaliste avait été espionné pendant plus d’un an grâce à l’utilisation d’un logiciel-espion, Pegasus, développé par la firme NSO. Ni les autorités marocaines, ni NSO n’ont souhaité confirmer qu’ils étaient liés par un contrat. Amnesty International estime cependant que l’espionnage porte la marque des services de sécurité marocains, cette technologie coûteuse étant réservée aux États ou à leurs agences de renseignement.

"J’y vais la tête haute"

Omar Radi a déjà été emprisonné en 2019 à la suite d’un tweet critiquant la condamnation de militants des droits de l’Homme par la justice marocaine. Le journaliste affirme qu’il a déjà fait l’objet de surveillance dans le passé. A plusieurs reprises, des informations personnelles ou des communications privées auxquelles il a participé ont été publiées par des sites internet réputés proches des autorités marocaines. Ce journaliste d’investigation, qui a notamment fondé le site d’information Le Desk, enquête notamment sur la corruption et les spoliations de terres au Maroc.

Le fondateur de l’organisation Forbidden Stories, qui vient en aide aux journalistes menacés, Laurent Richard, se dit "très inquiet" après l’annonce de la convocation du journaliste et explique "suivre de très près la situation". Les autorités judiciaires marocaines n’ont pas répondu aux interrogations envoyées par le collectif dans la soirée du 24 juin. Quelques heures avant sa convocation, Omar Radi affirmait : "Je n’ai peur de rien, j’y vais la tête haute. Mon but, c’est de révéler à travers mon journalisme les injustices et la vraie réalité du Maroc, et militer pour un Maroc meilleur en tant qu’activiste."

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