"Nous n'avons toujours pas eu l'accord du gouvernement marocain" : pourquoi l'aide humanitaire française tarde à arriver après le séisme
Les secouristes marocains accélèrent les recherches pour tenter de retrouver des survivants coincés sous les décombres après le séisme qui a fait plus de 2 000 morts au sud-ouest de Marrakech. Le travail est énorme mais pour l'instant la France n'a reçu aucune demande d'aide et le Maroc n'a pas lancé d'appel à l'aide internationale. En février, quelques heures après le séisme qui avait fait plus de 50 000 morts en Turquie et en Syrie, la Turquie avait lancé un appel à l'aide internationale, permettant ainsi aux ONG d’envoyer très rapidement des bénévoles et du matériel. À l’heure actuelle, le Maroc n'est pas sur cette ligne.
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Pour les ONG, il y a plusieurs raisons. Tout d'abord, lancer ce type d'appel, c'est reconnaître que l'on n'est pas capable de gérer une telle catastrophe. Deuxièmement, c'est accepter une certaine ingérence des étrangers. Il n'y a donc pas d'appel à l'aide et aucune demande n'a été faite à la France qui se tient prête, comme l'a expliqué Emmanuel Macron dimanche lors du sommet du G20 à New Delhi : "Les autorités marocaines savent exactement ce que l'on peut livrer, la nature et le timing. Donc nous sommes à disposition. À la seconde où cette aide sera demandée, elle sera déployée. Nous nous tenons prêts." Emmanuel Macron a également écrit au roi du Maroc mais aucune réponse ne lui a été apporté. Ce n’est pas le cas d’autres États comme l’Espagne, le Royaume-Uni, le Qatar ou les Emirats-Arabes Unis qui, de leur côté, ont vu leur proposition de soutien officiellement acceptée par le Maroc.
"Un problème entre le roi du Maroc et le président de la République"
Avec cette non-réponse marocaine, certaines ONG et associations humanitaires se retrouvent donc bloquées. Selon nos informations, plusieurs associations ne peuvent pas intervenir ou se voient refuser l'accès au pays. "Malheureusement, nous n'avons toujours pas eu l'accord du gouvernement marocain, souligne Arnaud Fraisse, président de l'ONG Secouristes sans frontières. Nous ne comprenons pas cette situation de blocage de la part du gouvernement [marocain]. Il n'y a aucune explication pour l'instant et les équipes sécurité civiles françaises sont aussi clouées au sol pour l'instant."
Pour l'instant, les ONG les plus importantes comme Médecins du Monde ou la Sécurité civile n'ont envoyé ni bénévoles, ni avions, ni matériels. En revanche, certaines équipes, au compte-gouttes, sont autorisées à travailler comme Médecins sans Frontières (MSF) qui a dépêché quatre personnes pour évaluer les besoins dans les hôpitaux. Une équipe de secouristes de Nice, spécialisée dans les recherches cynotechniques est également sur place. Ils sont six accompagnés de quatre chiens. "Il y a un gros problème entre le roi [du Maroc] et le président de la République, avance Patrick Villardry, président de l'association Unité légère d'intervention et de secours (Ulis). Un problème politique, alors je ne sais pas lequel, et je ne veux même pas savoir, ça ne me regarde pas."
"Moi je vais sauver des gens et je vais mettre mon savoir à disposition d'un peuple qui est meurtri et qui est dans un chaos aujourd'hui mais qui va se relever très vite demain. Après il faut comprendre qu'ils sont peut-être capables de s'en sortir tout seul."
Patrick Villardry, président de l'association Ulisà franceinfo
Plusieurs associations expliquent que le Maroc pourrait également choisir de prendre son temps pour identifier les besoins, afin de permettre une bonne coordination des secours, plutôt que de lancer un appel général et de voir des centaines d'associations se rendre sur place, non sans une confusion certaine.
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