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Séisme au Maroc : le silence de Rabat quant à la proposition d'aide française, "une mauvaise querelle", assure le gouvernement

Deux jours après le séisme meurtrier qui l'a frappé, le Maroc a accepté l’aide de quatre pays dont l’Espagne et le Royaume Uni, mais toujours pas la présence des secours français. Pourtant, l’exécutif nie tout malaise.
Article rédigé par Agathe Lambret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Dimanche 10 septembre, alors qu'il participe au G20 en Inde, Emmanuel Macron a répété l'offre d'aide de la France au Maroc. Pour l'heure, Rabat reste silencieuse. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Lundi 11 septembre, Rabat n'avait toujours pas sollicité d'aide française après le séisme meurtrier qui a frappé le sud-ouest de Marrakech ce week-end. Pas question pour autant de reconnaître la moindre tension. Opération déminage pour la ministre des Affaires étrangères, lundi matin : "C’est une mauvaise querelle, le Maroc n'a refusé aucune aide, ce n'est pas comme ça qu'il faut présenter les choses", a désamorcé Catherine Colonna. Comment comprendre alors le silence de Mohamed VI vu la proximité historique entre Paris et Rabat ?

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Quand l’entourage du président réagit, c’est pour réfuter tout lien entre l'absence de réponse du roi et le passif franco-marocain. Rabat s’agace notamment que Paris ne reconnaisse pas la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, comme l’a fait l’Espagne. Mais dire que ça se passe bien entre Mohamed VI et l’Espagnol Pedro Sanchez est faux, juge un conseiller du chef de l’État. D’une manière générale, Mohamed VI a des relations compliquées avec tout le monde, selon lui. 

Une relation qui n'est plus vitale

Pourtant, certains estiment qu’Emmanuel Macron aurait pu faire mieux, comme l’a clairement laissé entendre Dominique de Villepin, par exemple, lundi matin sur franceinfo : l’ancien Premier Ministre a pointé des liens personnels "difficiles" entre Emmanuel Macron et le roi du Maroc. Il faut dire que Rabat a du mal à comprendre les vains efforts du président pour se rapprocher de l’Algérie, pays qui a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc il y a deux ans. Une stratégie vis-à-vis d’Alger mal comprise par beaucoup et déjugée par Nicolas Sarkozy dans son dernier livre : "À ce jeu-là, nous risquons de tout perdre. Nous ne gagnerons pas la confiance de l’Algérie et perdrons celle du Maroc", met-il en garde.

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Mais l’éloignement entre Paris et Rabat est aussi lié à des raisons structurelles, confie un diplomate : la France a moins d’impact qu’autrefois au Maroc, qui a désormais d’autres partenaires. La relation n’est plus vitale, ni pour l’un, ni pour l’autre. Enfin, d’un point de vue conjoncturel, la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental a donné des ailes à Rabat qui se sent plus forte et supporte encore moins la tiédeur de la France sur le sujet.

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