Le groupe TotalEnergies visé par une plainte pour "homicide involontaire" après une attaque jihadiste au Mozambique en 2021
Sept survivants et proches de victimes d'une attaque jihadiste au Mozambique ont annoncé, lundi 9 octobre, avoir déposé une plainte contre TotalEnergies pour "homicide involontaire et non-assistance à personne en danger". Le groupe pétrolier français, qui menait alors un méga-projet gazier dans la région, est accusé d'une série de négligences et de ne pas avoir assuré la sécurité de ses sous-traitants lors de l'attaque de Palma, revendiquée par le groupe Etat islamique, en mars 2021.
Le bilan exact de l'attaque est encore indéterminé à ce jour. Le Mozambique a évoqué une trentaine de victimes. Mais selon Alexander Perry, un journaliste indépendant qui a enquêté pendant cinq mois à Palma entre novembre 2022 et mars 2023, le bilan s'élève en réalité à 1 402 civils décédés ou disparus, dont 55 sous-traitants du groupe Total. Plusieurs d'entre eux s'étaient réfugiés dans un hôtel à la sortie de la ville, l'Amarula Lodge, ensuite assiégé plusieurs jours par les jihadistes.
Un projet suspendu
Trois survivants de l'attaque et quatre ayant-droit de deux victimes accusent désormais le groupe pétrolier d'"avoir fait preuve de négligence en matière d'évaluation des risques, en contradiction avec les déclarations publiques à l'époque [de son PDG] Patrick Pouyanné, qui avait assuré que la sécurité était la priorité de Total", selon Henri Thulliez; l'avocat des plaignants. La plainte s'appuie notamment sur deux rapports de sociétés de consulting en matière de risque, faits a posteriori, et qui ont mis en lumière l'absence de mesures de prévention.
"Le danger était pourtant connu, plusieurs villages avaient été attaqués avant l'attaque de Palma, et la menace jihadiste était réelle."
Henri Thulliez, avocat des plaignantsà l'AFP
En 2019, une entreprise concurrente de TotalEnergies, Exxonmobil, avait d'ailleurs renoncé à investir dans le projet et rapatrié son personnel.
L'attaque a entraîné la suspension du projet d'exploitation d'un énorme gisement de gaz naturel, représentant un investissement total de 20 milliards de dollars pour Total. Patrick Pouyanné, le PDG du groupe, a récemment déclaré qu'il espérait le relancer avant la fin de l'année. "La réalité du terrain reste problématique, les contrats gaziers sont injustes et les risques pour la population, l’environnement, le climat et l'économie du Mozambique sont extrêmement élevés", a réagi le mouvement écologiste Les Amis de la Terre, estimant que la plainte constituait "une preuve de plus" que "ce projet ne doit pas être relancé".
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