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Mozambique : après l'attaque contre Palma, les habitants qui ont fui vivent dans le plus grand dénuement

Plus de 700 000 habitants du Cabo Delgado ont été déplacés depuis le début du conflit, dont 68 000 lors de l'attaque contre Palma.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Des réfugiés venus par la mer du nord de la province du Cabo Delgado continuent d'affluer à Pemba, la capitale régionale. Ce 22 mai 2021, 49 réfugiés sont arrivés par le même bateau sur la plage de Paquitequete. (JOHN WESSELS / AFP)

Ils ont fui avec pour seul bien les vêtements qu'ils portaient. L'attaque terroriste sur Palma, le 24 mars 2021, a ainsi jeté sur les routes 68 000 habitants de la région du Cabo Delgado. Pour tout le nord du Mozambique confronté au conflit armé, le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) annonce le chiffre de 732 000 réfugiés. Certains avaient rejoint la région de Palma s'y pensant en sécurité. L'attaque les a poussés un peu plus vers le Sud au bout d'une énième fuite, et beaucoup ont atteint Pemba, la capitale régionale.

Ils y sont arrivés à bout de force, traumatisés et parfois blessés. Dans leur exode, ils ont subi des attaques d'hommes armés. Des enfants ont été enlevés (surtout des filles). On parle de violences sexuelles, de mariages forcés et d'enrôlement dans les groupes armés pour les garçons. Les familles séparées se comptent par centaines.

Conditions précaires

Sur place à Pemba, le point de chute principal de ces migrants, les conditions de vie sont déplorables. L'arrivée de ces milliers de réfugiés a déséquilibré toute l'économie locale. Même si, selon le HCR, 80% des réfugiés ont été accueillis par de la famille, c'est loin d'être un gage de confort. Des journalistes de RFI ont ainsi rencontré Josina Fernandes, installée depuis six ans à Pemba. Elle accueille 36 personnes chez elle, dans sa cabane de bois et de tôles, au milieu d'un quartier informel de la ville. Les conditions de vie sont rudimentaires. Chacun dort où il peut, à même le sol.

L'arrivée de milliers de réfugiés, souvent accueillis dans de la famille, fragilise l'économie de la ville de Pemba. Seule l'aide alimentaire encore très réduite permet d'éviter la famine. (JOHN WESSELS / AFP)

Après un abri, il faut aussi trouver à manger. 40% de la population, même ici en ville, subit de graves privations de nourriture, et cela concerne également les hôtes dont les moyens de subsistance étaient déjà très faibles au départ.
Selon l'ONG Acled, "les tensions se sont accrues entre les populations déplacées et les communautés d'accueil, alors que des obstacles bureaucratiques ont entravé la distribution de l'aide et la répartition des terres".

Les organisations humanitaires se démènent, mais l'argent manque. Elles n'ont recueilli pour l'heure que 22 millions de dollars, soit péniblement 9% des besoins estimés.

Toujours des combats

Et dans la région de Palma, où les médias sont interdits d'accès, les violences continuent. Elles ont fait 49 morts lors de 23 événements répertoriés pour le seul mois de mai. Les incursions d'insurgés se poursuivent et les affrontements avec les forces gouvernementales ont fait 25 morts. Les populations continuent de fuir la région. Mais aucune route n'est sûre, y compris par la mer. "Il y a eu au moins quatre détournements côtiers par des insurgés le long de cette route en mai", précise Acled.

D'autres ont tenté leur chance vers la Tanzanie au Nord. Sans grand succès semble-t-il, puisque 3 800 personnes ont été refoulées en mai au poste-frontière de Negomano. Ce qui porte à 9 600 le nombre de personnes refoulées par la Tanzanie depuis le début de l'année.

Ainsi les jihadistes parviennent peu à peu à leur fin : vider la région de ses habitants et bloquer l'exploitation de ses ressources. Le retour des réfugiés chez eux n'est pas pour demain.

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