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Corruption au Niger : la journaliste Samira Sabou arrêtée pour diffamation contre le fils du président Issoufou

L'arrestation de Samira Sabou et son incarcération sont un nouvel épisode de l'affaire des contrats truqués d'achat d'armement par le Niger. Une affaire de corruption qui implique des proches du pouvoir. 

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des soldats nigériens en patrouille, le 12 février 2020, près d'Iférouane au nord du pays. Un scandale de corruption dans des contrats d'armement secoue le Niger. (SOULEYMANE AG ANARA / AFP)

Tout commence par un audit diligenté par l’Inspection générale des Armées sur les marchés publics du ministère de la Défense du Niger. Achevé en février, il fait apparaître un détournement de 76 milliards de francs CFA (111 millions d’euros) de 2014 à 2018. Il s'agit de surfacturations, voire de commandes à des sociétés fictives. Dix sociétés ont été épinglées, selon le site internet Mondafrique, qui a révélé le contenu de l'audit. "Elles cachent des opérateurs économiques du pays bien connus, tous proches du régime, voire de la famille du président", écrit le site d'information.

En premier lieu, on trouve un certain Aboubacar Hima, dont la société a bénéficié de 40% des contrats d'armement surfacturés. "A Niamey, on connaît ses palais de marbre, dans lesquels plusieurs chefs d’Etat ont été hébergés. Illustration de sa proximité avec la présidence", écrit sur lui RFI. Il possèderait même trois immeubles particuliers avenue Foch à Paris.

La journaliste Samira Sabou a régulièrement publié les nouveaux éléments connus de l'affaire sur son site internet ou sa page Facebook. Elle est désormais visée par une plainte pour diffamation, déposée par le fils du président Mahamadou Issoufou, en sa qualité de directeur de cabinet adjoint du président. Elle risque jusqu'à trois ans de prison.

Selon Amnesty International, l'accusation contre la journaliste "fait référence à une publication sur Facebook portant sur les personnalités impliquées dans l’affaire de l’audit du ministère de la Défense, datant du 26 mai 2020. Après la publication, une tierce personne a fait un commentaire incriminant le fils du président de la République."

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Publiée par Samira Sabou sur Lundi 25 mai 2020

Il faut dire que les commentaires vont bon train sur les publications de Samira Sabou. Pas moins de 174 commentaires et 748 réactions sur la publication concernant un des volets de l'affaire : un système de protection antimissile fantôme pour l'avion du président Issoufou. Or, ces commentaires sont le plus souvent très critiques à l'égard du pouvoir.

Lutte contre la corruption

La journaliste, très investie dans la lutte contre la corruption dans son pays, est respectée et son travail très suivi au Niger. "L'accusation de diffamation à son encontre par le fils du président de la République n’est qu’une manœuvre de plus pour saper son travail et celui de tous les activistes anti-corruption qui dénoncent les allégations de corruption dans le pays", écrit Amnesty International.

Ce scandale a choqué, alors que le pays est en guerre contre le terrorisme sur son territoire. Les pertes subies par l'armée sont lourdes. Entre décembre 2019 et janvier 2020, près de 200 soldats nigériens ont été tués dans des attaques jihadistes, rappelle l'AFP. Le 15 mars 2020, de violents heurts avaient opposé les forces de l'ordre et des manifestants demandant des sanctions dans ce scandale. Au moins trois figures de la société civile sont encore incarcérées.

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