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Niger : "Il faut forcément discuter avec les putschistes pour trouver une marge de manœuvre", selon un chercheur

Seidik Abba, président du Centre international de réflexion et d'études sur le Sahel, s'est exprimé sur franceinfo vendredi alors que les putschistes retirent les ambassadeurs du Niger de quatre pays.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des manifestants brandissent un drapeau du Niger, à Niamey, le 3 août. (AFP)

La communauté internationale va "forcément" devoir "discuter avec les putschistes pour trouver une marge de manœuvre", a expliqué vendredi 4 août sur franceinfo Seidik Abba, président du Centre international de réflexion et d'études sur le Sahel, alors que la junte a révoqué les accords militaires avec la France et mis fin aux fonctions des ambassadeurs du Niger en France, aux Etats-Unis, au Nigeria et au Togo.

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France info : Les militaires français vont-ils devoir partir ?

Seidik Abba : Oui, il n'y a plus aucune base juridique à partir du moment où les putschistes ont décidé de révoquer les accords de coopération. Ceux de 2013 régissent la présence permanente des personnels français, les modalités de leurs déplacements sur le sol nigérien. À partir du moment où cette base juridique est révoquée, la prochaine étape sera la demande de départ des 1 500 militaires stationnés au Niger.

Des négociations sont-elles possibles ?

Il n'y a pas de négociations possibles et aucune possibilité d'imposer leur présence contre la volonté de ceux qui sont au pouvoir. On oublie que Niamey était devenue, dans l'opération Barkane, la base aérienne avancée. C'est là que sont stationnés les Mirage 2000, les drones français qui luttent contre le terrorisme au Sahel.

Comment les choses vont se passer ?

Je pense que la France va discuter avec le Niger, avec ceux qui tiennent le pouvoir, des modalités de départs. Ils vont, sans doute, convenir d'un calendrier de départ qui va être long parce qu'en plus du personnel, tout le matériel qui a été évacué du Mali est stationné au Niger. Compte tenu de la guerre en Ukraine, la France n'avait pas pu trouver de gros-porteurs pour ramener tout le matériel qu'elle avait au Mali. Donc, il va y avoir une discussion sur un délai plus long qu'au Mali. Il va falloir tout transporter, peut-être jusqu'à Abidjan, qui est à trois heures d'avion de Niamey. C'est une opération lourde et compliquée.

Le président Mohamed Bazoum appelle la communauté internationale à l'aide. Va-t-il être entendu ?

Il faut forcément discuter avec les putschistes pour trouver une marge de manœuvre. Le président étant entre les mains des putschistes dans le palais présidentiel, toute opération militaire pourrait être risquée. 

"Je pense que la communauté internationale ne peut pas rester indifférente. Elle joue sa crédibilité".

Seidik Abba

à franceinfo

Il faut discuter pour voir si un compromis diplomatique est encore possible. Ce qui est inquiétant, c'est le durcissement de conditions de détention du président.

Mohamed Bazoum alerte sur une influence de la Russie sur la région. Qu'en pensez-vous ?

Oui, il est évident que la France va être remplacée, il faudra un autre partenaire. Ce que l'on a pu voir, c'est que la Russie pourrait profiter du vide laissé par la France. On a entendu le patron de Wagner faire une offre aux autorités militaires au Niger en leur disant qu'il pouvait leur apporter tout ce dont ils avaient besoin.

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