: Reportage Sahel : le réveillon en commun et très symbolique des Premiers ministres du Niger, du Burkina Faso et du Mali
Au Niger, le réveillon a été sportif et hautement politique pour la junte au pouvoir. Le Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine s’est rendu dimanche 31 décembre à Agadez, la ville du Nord aux portes du désert, joyau culturel classé au patrimoine de l’Unesco. Il assistait à la finale du grand championnat de lutte traditionnelle, un sport très populaire au Niger.
Tout un symbole, le Premier ministre nigérien était accompagné de ses homologues du Mali et du Burkina Faso, trois pays qui ont formé l'Alliance des États du Sahel, une coopération de défense dirigée par des militaires issus de coups d'Etat. Les trois chefs de gouvernement, qui ont célébré le départ des soldats français samedi 30 décembre dans la capitale nigérienne, à Niamey, se sont offert un bain de foule et une tribune politique.
Les Premiers ministres du Niger, du Mali et du Burkina Faso ont paradé côte à côte, sous les ovations du public. Un sabre et une selle de chameau ont été remis en guise de cadeaux. À la tribune, le ministre des Sports et de la Culture du Niger, le colonel-major Abdourahamane Amadou, triomphe. "À notre jeunesse décomplexée, hier mobilisée pour dégager les troupes françaises de nos terres et aujourd'hui réunie autour de notre sport roi au Niger, mais également à notre culture africaine, a déclaré le ministre. Que tous ceux qui voudraient présenter le Niger comme un champ de ruines se résolvent à admettre qu'ils se sont lourdement trompés."
La colère de la population contre la France et les Occidentaux
Le message est clair : montrer que le Niger reste debout malgré les sanctions internationales qui asphyxient le pays. Dans les gradins, Youssoufou Alhassane a fait plus de 600 kilomètres avec sa fille pour assister à la finale. "Nous voulons que ces trois pays soient des États-Unis de l'Afrique, avec les États du Sahel. Je lance un appel à tous les chefs d'État de dénoncer, pas seulement la France, mais aussi les autres accords militaires avec les Occidentaux, plaide-t-il. Parce que ça fait longtemps qu'on est avec eux et on n'a pas vu d'évolution, avant de faire appel aux Russes pour nous appuyer avec les armes de dernière génération pour nous permettre de nous défendre."
Les trois pays, tous minés par des violences jihadistes et où des militaires sont arrivés au pouvoir par des coups d'État entre 2020 et 2023, ont tourné le dos à la France, l'ancien allié historique. Mais ni le Premier ministre burkinabé Apollinaire Kyélem de Tambèla, ni le Premier ministre malien Choguel Maïga n'ont délivré de discours lors de cette visite. Le déplacement était surtout symbolique, plus d'une semaine après le départ des derniers soldats français du Niger.
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