Boko Haram : "Après avoir tué nos jeunes, les insurgés ont emmené nos femmes et nos filles"
Les insurgés islamistes ont enlevé 185 femmes et enfants dans le nord-est du Nigeria. Le rapt a été effectué dans la région où ont déjà été kidnappés 219 lycéennes, en avril.
Boko Haram a lancé un nouvel assaut sanglant. Le groupe islamiste a tué 32 personnes dimanche 14 décembre et enlevé 185 femmes et enfants, dans un village du nord-est du Nigeria. Le scénario est quasi-identique à celui du rapt des 219 lycéennes, en avril, dont on est toujours sans nouvelles.
Des femmes et des enfants qui servent d'esclaves
"Après avoir tué nos jeunes, les insurgés ont emmené nos femmes et nos filles", raconte Mukhtar Buba, un habitant de Gumsuri pour se réfugier à Maiduguri, la capitale de l'Etat de Borno, à 70 km de là.
Selon les témoins, les islamistes ont attaqué le village de Gumsuri avant de faire monter les otages à bord de camions. Puis ils les ont emmenés dans la forêt de Sambisa, un de leurs fiefs. Les lycéennes de Chibok avaient aussi été transportées dans la zone avant d'être séparées en petits groupes.
Ces femmes et ces jeunes filles servent d'esclaves sexuelles, font la cuisine et les tâches ménagères dans les camps de Boko Haram, et elles sont aussi utilisées en première ligne dans les combats, selon un récent rapport de l'ONG Human Rights Watch. Selon les islamistes, les 219 lycéennes enlevées en avril ont été converties à l'islam et mariées.
L'armée nigériane impuissante face à Boko Haram
Ce nouveau raid vient démontrer à nouveau la faiblesse de l'armée nigériane, mal équipée, en sous-effectif, dans une région qui est le théâtre d'attaques islamistes quasi-quotidiennes. Les islamistes, qui se sont emparés d'une vingtaine de villes possèdent des chars, des lance-roquettes et d'autres armements lourds, alors que les troupes nigérianes manqueraient même de munitions pour leurs fusils AK-47.
Face à cette impuissance, des milices privées s'organisent pour protéger la zone. Le village attaqué dimanche bénéficie de la protection d'une milice privée relativement efficace, selon un des responsables locaux. Cette fois, elle a été dépassée par la violence de l'attaque.
La France prête à aider, mais pas à intervenir
Le Niger, le Tchad, le Cameroun et le Bénin, tous voisins du Nigeria, débattent actuellement d'une mobilisation militaire groupée pour combattre Boko Haram.
"S'ils ont besoin de soutien organisationnel, d'ingénierie, de commandement et d'inter-opérabilité, c'est ce que la France leur propose dans le cadre du comité de liaison", a déclaré Jean-Yves Le Drian mardi 16 décembre, alors qu'il participait à un forum sur la sécurité à Dakar (Sénégal).
La France compte un peu plus de 5 000 soldats au Mali et en République centrafricaine et a intérêt à empêcher une détérioration de la situation au Nigeria. Mais le ministre de la Défense a exclu la possibilité d'une intervention dans le pays.
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