Nigeria : la région du lac Tchad, base arrière des islamistes de Boko Haram
Des centaines d'habitants de la ville seraient pris en otage. Le lac Tchad est plus que jamais le fief de Boko Haram.
Les nouvelles qui proviennent de Kukawa sont encore très lapidaires. Selon certaines informations, les jihadistes de l'Islamic State West Africa Province (Iswap), une branche de Boko Haram, auraient pris le contrôle de la ville, peuplée de plus de 200 000 habitants. Elle se situe à l'ouest de Baga, principale localité nigériane sur les rives du lac Tchad.
Une attaque contre la ville serait un exemple de plus de la puissance des jihadistes dans la région. Les rives du lac Tchad sont leur territoire.
C'est une zone en perpétuel changement, un terrain idéal pour la guérilla. Le lac ne couvre qu'une infime partie d'une vaste zone de marécages, truffée d'îlots difficilement accessibles. Autant d'îles, autant de caches à ratisser. Dans ce territoire, il n'y a pas de routes. L'armée tchadienne s'y serait embourbée lors de l'attaque du 23 mars 2020. Ici, il faut être rapide et mobile. Et les différentes armées régionales ne disposent d'un matériel ni adéquat, ni en nombre suffisant pour mener le combat. L'ennemi s'est enfui en hors-bord assurent des militaires tchadiens.
Un labyrinthe aquatique
Des zones de pêche, des zones de culture, du bétail, quoi de mieux pour s'approvisionner ? Or c'est justement sur les rives Ouest du lac que Boko Haram a son fief, dans l'Etat nigérian du Borno. Une de ses branches, l'ISWAP, profite même de la faillite de l'Etat central pour installer sa propre organisation. La population lui verse des taxes en échange de la sécurisation des lieux et des transports. "Le groupe terroriste encourage la reprise des activités de pêche et d'agriculture sur les îles", écrit l'institut d'études de sécurité (ISS).
Une zone mal contrôlée
Un éden que les islamistes ne sont pas près de lâcher. On peut même penser que les différentes attaques visent à étendre leur territoire, afin de rester les seuls maîtres des lieux. Car, ultime avantage des terroristes, la région est une zone de confluence de plusieurs Etats. Le Tchad, le Niger, le Nigeria et le Cameroun.
Pour Boko Haram, c'est autant de points de repli essentiels. Lorsqu'il vise un territoire, il peut fuir dans un autre, profitant d'une collaboration entre ces pays loin d'être parfaite.
Cet article reprend une précédente publication en date du 12 avril 2020 intitulé: "Le lac Tchad à la fois repaire et grenier, enjeu stratégique pour Boko Haram".
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