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Présidentielle au Nigeria : Muhammadu Buhari, candidat pour la quatrième fois

C'est un habitué des élections présidentielles qui se présente contre l'actuel président nigérian Goodluck Jonathan dimanche 28 mars 2015. Le leader de l'opposition Muhammadu Buhari se veut l'incarnation du changement, notamment de la lutte contre la corruption au Nigeria.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Une affiche à l’effigie du candidat Buhari, le 23 mars 2015 dans le Sud-Ouest du Nigeria, à quelques jours de la présidentielle du 28 mars. (AFP/PIUS UTOMI EKPEI)
C’est un vieux routier de la politique nigériane qui se présente à la présidentielle du 28 mars 2015 contre Goodluck Jonathan. Muhammadu Buhari est le principal challenger du président sortant.
 

C'est la quatrième fois que Muhammadu Buhari est candidat à une élection présidentielle. Le chef de l’opposition nigériane, investi par le Congrès progressiste (APC) qui réunit quatre grands partis, est le principal challenger de l'actuel président, Goodluck Jonathan. A bientôt 73 ans, l'ex-général se considère comme le visage du changement. Toute sa campagne s’est déclinée autour de ce thème.

«Je ne suis pas candidat à cette élection parce que je veux le pouvoir et l'argent. Je le fais parce que les Nigérians croient que j'ai ce qu'il faut pour être l’acteur de ce changement si nécessaire», déclarait-il jeudi 26 Mars 2015. 

Selon le leader de l'APC, ce scrutin présidentiel permettra aux Nigérians de se débarrasser d’un «gouvernement incompétent». Ce sera aussi l’occasion pour ce nordiste - il est né dans une famille modeste de Daura, dans l’Etat de Katsina - d’accéder démocratiquement à la présidence du Nigeria. Un pays qu’il a déjà dirigé. Le 31 décembre 1983, les putschistes l’avaient placé à la tête du pays. Deux ans plus tard, il sera chassé du pouvoir par Ibrahim Babangida.

Au nom de l'alternance politique à la nigériane
Incarcéré puis libéré, il quitte la scène politique nigériane pour n’y revenir qu’en 2002. Il se présentera à la présidentielle en 2003, en 2007 et en 2011. Chaque fois, sans succès. Mais il contestera toujours devant les tribunaux les résultats des urnes. En 2011, la défaite de Muhammadu Buhari avait conduit à des violences dans l’Etat de Kaduna qui ont fait plusieurs centaines de morts. Le président sortant Goodluck Jonathan et son principal adversaire ont d’ailleurs signé un «accord de paix» pour éviter une crise post-électorale. 

Interrogé par l’AFP, Muhammadu Buhari  s’est dit «confiant» quant à la tenue d’élections transparentes. «Nous n'allons pas perdre ces élections», a affirmé celui dont la candidature a failli être invalidée. La justice devrait se prononcer après le scrutin.  
 
Ses partisans du Nord espèrent également la victoire. Ils estiment qu’il est temps qu’un fils de la région accède à la magistrature suprême. Cette revendication s’appuie sur une règle de partage de pouvoir entre le Nord et le Sud («Zoning») instaurée par le Parti démocratique populaire (PDP), au pouvoir depuis l’avènement de la démocratie en 1999. Elle prévoit l’alternance entre un nordiste et un sudiste au bout de huit ans de règne. La mort de Umaru Yar'Adua en 2010 a rompu l'équilibre.

Une politique musclée contre Boko Haram et la corruption
A l’actif de Muhammadu Buhari pour la présidentielle de 2015, son passé militaire. Abuja ne sait plus à quel saint se vouer pour en finir avec la secte islamiste Boko Haram dont l’ombre plane sur ces élections. L’un des hauts faits d’armes de la carrière militaire du candidat de l'APC est d’avoir bouté, hors du Nigeria dans les années 80, les Maitatsine, une secte islamiste qui présente beaucoup de similitudes avec Boko Haram. Elle sévissait aussi dans le nord du pays.

En juillet 2014, Muhammadu Buhari a échappé à un attentat terroriste dans la région, à Katsuna. Depuis, en finir avec Boko Haram compte parmi ses priorités. Par ailleurs, ce tragique évènement n’a pu que contribuer à faire évoluer son image dans le Sud, à majorité chrétienne. En 2003, certains s'étaient inquiétés que ce musulman ne soit partisan d'un islam radical. 
 
Outre la sécurité, la corruption est l’autre cheval de bataille du candidat Buhari «qui veut (la) tuer avant qu’elle ne tue la Nation», selon son directeur de campagne.
 
Près de 70 millions d'électeurs sont appelés aux urnes. Douze candidats sont en lice dont une femme, une première dans l’histoire du pays.
 
 

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