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Libération des otages : "Une opération menée par le Niger"

Article rédigé par Martin Gouesse - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'ex-otage Daniel Larribe à l'aéroport de Niamey (Niger), le 30 octobre 2013. (EMA / ARMEE DE TERRE / ECPAD)

Gérard Grizbec, journaliste à France Télévisions, a été le témoin de l'arrivée des ex-otages français à Niamey, au Niger, mardi soir. Pour francetv info, il raconte. 

Daniel Larribe, Marc Féret, Thierry Dol et Pierre Legrand sont arrivés à l'aéroport militaire de Villacoublay (Yvelines), mercredi 30 octobre, et ont été accueillis par leurs familles et le président de la République, François Hollande. A l'aéroport de Niamey (Niger), d'où les quatre ex-otages avaient décollé dans la matinée, il n'y avait qu'une équipe de journalistes français, menée par Gérard Grizbec, correspondant de France Télévisions. Pour francetv info, il revient sur les coulisses de la négociation. 

Francetv info : Le bureau de France Télévisions se situe à Dakar, au Sénégal. Depuis quand étiez-vous au Niger ?

Gérard Grizbec : Nous sommes arrivés au Niger jeudi 24 octobre. La rumeur, venue de Paris, courait qu'il allait se passer quelque chose. Nous sommes restés à Niamey en essayant de ne pas nous faire remarquer, et avons réalisé un reportage sur un tout autre sujet. Mais depuis deux jours, les rumeurs se faisaient beaucoup plus nombreuses. La sécurité a été renforcée en ville, ce qui signifait que quelque chose allait arriver.

Nous avons alors vu Jean-Michel Chéreau, le directeur de la protection du groupe Areva, c'est-à-dire le patron de la sécurité du groupe qui emploie les quatre hommes. C'est très rare qu'il vienne à Niamey. Là, nous avons pensé que c'était imminent. On s'attendait à ce que la libération ait lieu le week-end dernier et, comme rien ne se passait, nous avons commencé à nous inquiéter. Lundi matin, nous avons donc passé un coup de fil à la présidence nigérienne et nous nous sommes glissés dans le cortège officiel qui allait accueillir les quatre hommes à l'aéroport. 

Le Monde et l'AFP affirment qu'une rançon a été versée. L'information vous a-t-elle été confirmée ?

Ici, à Niamey, on ne parle pas de rançon. Le sujet est tabou. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a reçu un coup de téléphone lundi matin lui disant que les otages étaient libérés. C'est lui, côté français, qui a géré toute cette opération. Mais quand nous sommes arrivés à l'aéroport dans le cortège, nous avons été très surpris car Jean-Yves Le Drian et Laurent Fabius étaient déjà présents. Mahamadou Issoufou, le président du Niger, également.

Nous étions surpris que les officiels soient déjà là, entourant les ex-otages. Les quatre hommes venaient à peine de descendre de l'hélicoptère, un appareil de l'armée nigérienne qui arrivait du Mali, sans doute du coté de Kidal. On ne sait pas où a eu lieu l'échange, mais les otages devaient être détenus près de la frontière algérienne ou mauritanienne.

Cette libération, c'est surtout une affaire nigérienne. C'était très clair : c'est le président Issoufou qui prenait la parole, et non pas les ministres français.

Comment avez-vous trouvé les otages ?

Thierry Dol, un des plus jeunes, était souriant. Les autres étaient hagards. Daniel Larribe était habillé avec une sorte de robe de bure, comme un moine du Moyen Age, les autres étaient habillés en touareg. Deux étaient masqués, cachés sous leur chèche. Ils étaient encore sous le choc : ils avaient quitté leurs geôliers depuis très peu de temps. L'image que je garde de l'aéroport, c'est Jean-Yves Le Drian qui tape amicalement sur l'épaule de Thierry Dol.

En revanche, mercredi matin, ils étaient très différents. Ils s'étaient lavés, mais pas rasés, et affichaient des mines très sombres. Même Thierry Dol avait changé. Ils peuvent marcher, mais sont très fatigués. La nuit dernière, ils ont dormi  par terre, pour ceux qui ont réussi à dormir. Quand ils ont embarqué, nous les sentions ailleurs. Dans leur tête, ils étaient sans doute encore avec leurs geôliers.

 

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