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Algérie: un blogueur condamné à 10 ans de prison pour «espionnage»

Le blogueur algérien Merzoug Touati a été condamné le 24 mai 2018 à dix ans de prison ferme pour «intelligence avec une puissance étrangère». En cause, une vidéo publique dans laquelle il interviewe un responsable israélien.
Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Le blogueur algérien Merzoug Touati (Amnesty Internationale)

Merzoug Touati, a échappé de peu à la peine de mort. Arrêté en janvier 2017, il avait été accusé d’espionnage et d’incitation à la violence.

Finalement, il sera jugé coupable d’avoir entretenu des liens avec «les agents d’une puissance étrangère de nature à nuire à la situation militaire ou diplomatique de l'Algérie ou à ses intérêts économiques essentiels».

Une publication sur YouTube
Merzoug Touati a été arrêté le 25 janvier 2017 suite à la publication sur YouTube d’une interview avec un porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien.

Dans cet entretien, Hassan Kaabia niait toute implication de son pays dans les manifestations antigouvernementales qui avaient lieu à cette période. Une version qui contredit celle des autorités algériennes.

Comme la plupart des pays arabes, l’Algérie ne reconnaît pas Israël et toute relation ou communication avec ce pays ennemi est jugée suspecte.

Un message sur Facebook
Le jeune blogueur aujourd’hui en prison a été également poursuivi en justice pour avoir appelé, sur sa page Facebook (fermée depuis), à la mobilisation contre la nouvelle loi de Finance. Ce diplômé universitaire au chômage était critique à l’encontre des élus locaux dont il dénonçait «les pratiques de corruption et de mauvaise gouvernance» comme l’explique Jeune Afrique.

Un procès «à charge»
Merzoug Touati qui a entamé sept grèves de la faim depuis son arrestation en janvier 2017 est aujourd’hui sous le choc. 

Son procès et sa condamnation sont très critiqués par les organisations internationales des droits de l’Homme. Amnesty parle d’«accusations forgées de toutes pièces». Le vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH), Said Salhi, dénonce de son côté «un procès à sens unique» et «un dossier disproportionné».

La presse algérienne est très réservée sur cette affaire et se contente de relayer l’information. Et comme le rappelle l’AFP, l’Algérie arrive à la 136e place sur 180 dans le classement de Reporters sans Frontières en matière de liberté de la presse.

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