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Ansarul Islam, groupe djihadiste qui terrorise le nord du Burkina Faso

Deux gendarmes ont été tués et deux autres blessés dans l’explosion d’un engin au passage d’un convoi se rendant à la mine d’or d’Inata au nord du Burkina Faso, a-t-on appris le 27 septembre 2017. Depuis 2016, ce pays est confronté au phénomène djihadiste, notamment avec Ansarul Islam, groupe créé par un prédicateur local, Ibrahim Dicko. Lequel est donné pour mort depuis juillet 2017. Précisions.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Eléments des forces armées nigériennes (AFP - ERIC DESSONS/JDD/SIPA)

Les attaques d’Ansarul Islam (en arabe «les partisans de l’islam») ont commencé à la fin de 2016. Le 16 décembre, douze militaires avaient ainsi été tués par «une quarantaine d’individus (…) lourdement armés», dans le nord du pays, à une trentaine de kilomètres de la frontière avec le Mali. Cette opération, la plus meurtrière contre l’armée, avait traumatisé le Burkina. Avant les attaques contre des restaurants et un hôtel à Ouagadougou en janvier et août 2017, elle venait confirmer que le «Pays des hommes intègres» se retrouve ainsi, lui aussi, «touché par une menace qui pèse sur tous les pays du Sahel».

Les opérations d’Ansarul Islam visent l’armée. Mais les membres du groupe mènent aussi des opérations de représailles contre les civils. Le 1er janvier 2017, un premier commando s’en est ainsi pris à un imam de la commune rurale de Tongomayel. La victime «aurait essayé de convaincre certains jeunes d’abandonner le groupe», précise RFI. Un autre commando avait tenté d’éliminer, dans la ville de Djibo, un déserteur issu de ses rangs. Les habitants vivent désormais dans la psychose des attaques. D’autant que les membres du groupe djihadiste n’hésitent pas «à abattre ceux qui, dans cette région frontière du Mali, seraient tentés d’envoyer leurs enfants suivre une scolarité normale».

Les forces de sécurité burkinabè semblent pour l’instant incapables d’enrayer les actions du groupe terroriste. Les 29 et 30 avril, l’armée française a lancé l’opération Bayard contre Ansarul Islam avec des moyens aériens dans la forêt de Foulsaré, zone à cheval entre le Mali et le Burkina où un soldat français avait été tué le 5 avril. Une vingtaine d’activistes auraient été tués ou faits prisonniers.

Militaires français surveillant un drone sur l'aéroport militaire Diori Hamani de Niamey (Niger) le 2 janvier 2015. (DOMINIQUE FAGET / AFP)

Le rêve d’un royaume peul
Le groupe djihadiste entend «promouvoir un islam ‘‘authentique’’ et restaurer le royaume peul du Macina, fondé au début du XIXe siècle par Sékou Amadou», rapporte La Croix. Il «dispose de bases arrière au Mali, en particulier à Douna et à Selba», précise le quotidien. Il regrouperait tout au plus une centaine d’hommes. Il aurait des liens avec le Mujao et aurait aussi tenté de se rapprocher de Daech.

Ansarul Islam a été fondé par Ibrahim Malam Dicko, un prêcheur radical peul, libéré de prison en 2015 après avoir été arrêté par les soldats français fin 2013 près de Tessalit (Mali) et remis aux Maliens. Selon La Croix, il recruterait «parmi les populations délaissées de la région, en premier lieu les Peuls».

Agé d’une quarantaine d’années, il serait originaire de Soboulé (nord du Burkina). Après sa libération de prison, il se serait installé dans la localité voisine de Djibo. Là, il aurait tenu des prêches radicaux dans une mosquée ainsi que sur une radio locale, rapporte Jeune Afrique. «Une partie de ses fidèles se sont rapidement détachés de son discours extrémiste, mais d’autres l’ont suivi et ont constitué un petit groupe radicalisé et armé autour de lui», croit savoir un officier burkinabé cité par le journal. Un petit groupe qui se déplacerait entre le Burkina et le Mali, où les djihadistes peuvent trouver refuge.

En juin 2017, Ibrahim Dicko, atteint d’un diabète, a été donné pour mort à la suite de l’opération Bayard. D’après Jeune Afrique, le prédicateur et sa garde rapprochée auraient été explicitement visés par un hélicoptère français. «Les djihadistes se seraient alors divisés en petits groupes pour échapper aux commandos déployés au sol». Les actions militaires françaises obligeant ainsi leur chef à bouger sans cesse et l’empêchant de se soigner correctement.

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