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Attentats en Espagne : le Maroc, sous le choc, participe à l’enquête

La quasi-majorité des présumés auteurs des attentats en Espagne, à Barcelone et Cambrils, et en Finlande, à Turku, sont d’origine marocaine. Un membre présumé de la cellule terroriste en Catalogne a été arrêté à Oujda et des experts des services marocains se sont rendus en Espagne pour prêter main forte à leurs homologues ibériques.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 5min
  (LLUIS GENE / AFP)
Les attentats ont-ils planifiés depuis le Maroc ?
Les autorités espagnoles et marocaines n’ont pas communiqué sur ce sujet. Selon El Confidencial (lien en espagnol), cité par le site marocain 360.ma, les enquêteurs travailleraient sur l'hypothèse que ces attentats auraient été planifiés à Mrirt, au Maroc, d’où seraient originaires la plupart des suspects. «Les principaux membres de la cellule terroriste auraient été présents au Maroc durant la deuxième quinzaine du mois de juillet et certains d’entre eux ne seraient repartis en Espagne que cette semaine. C'est le cas de Driss Oukabir, l’un des suspects arrêtés par la police, qui est arrivé le 13 août en provenance de l’aéroport de Tanger», précise 360. Certains sont passés par la France, le 11 août 2017, comme Mohamed Hychami, 24 ans.


Mrirt, centre opérationnel de l’Etat islamique ? 
Le conducteur de la camionnette blanche qui a fauché jeudi des dizaines de passants sur les Ramblas à Barcelone, en tuant 13, a été identifié par la police catalane sur Twitter : Younes Abou Yacoub. Le suspect en fuite, recherché dans toute l’Europe, «est dangereux et pourrait être armé», affirme la police catalane.
 
«Nous n'avons aucune nouvelle de Younès», jurent dans sa ville natale de M'rirt au Maroc, des proches du jeune Marocain de 22 ans activement recherché par la police espagnole. Dans sa ville natale du centre du Maroc, 35.000 habitants, l'incompréhension domine: cette région paisible était jusqu'alors peu connue pour avoir fourni des recrues à l'Etat islamique, contrairement au nord du pays. Selon des témoins sur place, cités par l’AFP, des policiers marocains en civil ont interrogé, au lendemain des attentats, des proches des Abou Yacoub, mais leurs questions portaient principalement sur l'imam.

 
L'imam marocain qui aurait «mangé le cerveau» des jeunes
Si la police marocaine semble s’intéresser à l’imam de Ripoll, 90 km de Barcelone, c’est que Abdelbaki Es Satty est soupçonné d'avoir «mangé le cerveau» de jeunes compatriotes pour les amener à former la cellule djihadiste derrière les attentats de Barcelone et Cambrils. «L’enquête menée par la police tente de déterminer le rôle exact de cet homme qui avait déjà été inquiété dans le passé par la justice pour une affaire de trafic de drogue entre Melilla et Algésiras. En prison, il aurait rencontré Rachid Aglif, dit El conejo (le lapin), condamné à 18 ans de prison pour sa participation dans les attentats djihadistes qui avaient endeuillé l’Espagne en mars 2004 et qui avaient fait 191 morts à Madrid», précise Bladi.net.

Pour le grand-père du conducteur présumé de la camionnette blanche, Younes Abou Yacoub et son frère Houssein, «ont commencé à se radicaliser, sous l'influence de cet imam «djebli» (originaire du Pays Djbala, région du nord du Maroc)». 
 
Coopération policière «parfaite» entre le Maroc et l’Espagne
Si les autorités chérifiennes restent muettes sur la coopération de leurs services dans l'enquête en cours, la presse fait état de deux arrestations et d’envoi d’experts en Espagne pour prêter main forte à leurs homologues ibériques. Ainsi, citant des sources policières, la police marocaine a procédé, dimanche 20 août 2017, à l'arrestation, à Oujda, d'un membre présumé de la cellule terroriste. L’interpellé aurait été en lien avec Moussa Oukabir, l'un des suspects abattus par la police catalane à Cambrils. «L'enquête sur les attentats en Catalogne semble se prolonger au Maroc, le pays d'origine de la quasi-totalité des personnes impliquées dans les attaques de Barcelone et Cambrils», observe Ya BiladiQui révèle qu’un homme proche de l’imam de Ripoll est interrogé par la police marocaine.

 

Saint-Denis, Molenbeek... Les services marocains, comme le rappelle RFI, ont activement contribué à la traque de terroristes d'origine marocaine en Europe

 
Loups solitaires
La communauté musulmane, notamment marocaine, installée en Espagne a fermement condamné ces attentats. 


«En Espagne, il n’y a pas de groupes extrémistes structurés qui défendent un islam radical. Ces jeunes qui ont commis les attentats de Barcelone et Cambrils sont des «loups solitaires» ne fréquentant même pas les mosquées. Leurs profils sont identiques à ceux ayant pris part aux actes terroristes en France ou en Belgique. Nous sommes face à des individus au passé criminel et aux connaissances très basiques des préceptes de l’islam», analyse, pour Yabiladi, Mounir Benjelloun El Andaloussi, président de la Fédération espagnole des entités religieuses islamiques (FEERI) qui réunit 500 associations et 12 fédérations régionales.

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