Cet article date de plus de sept ans.

Côte d’Ivoire: Guillaume Soro veut transcender les clivages qui rongent son pays

Il est prêt à tout pour réconcilier les Ivoiriens. Et à fumer le calumet de la paix avec Laurent Gbagbo, l’ex-chef de l’Etat ivoirien qu’il a pourtant contribué à faire tomber. En Côte d’Ivoire, les tenants du pouvoir se méfient de «cet électron libre». Les opposants n’ont pas oublié qu’il est l’homme de la rébellion.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Guillaume Soro occupe le fauteuil de président de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire. Il a été un des acteurs principaux dans la chute de Laurent Gabgbo. (Photo AFP)

La déclaration de Guillaume Soro n’a laissé personne indifférent en Côte d’Ivoire. Lui qui a pris la tête de la rébellion qui a renversé l’ancien président Laurent Gabgbo se dit prêt aujourd’hui à aller le rencontrer à La Haye où il est écroué, pour fumer le calumet de la paix.
 
«Même Gbagbo mérite que j’aille lui demander pardon. Je demanderai pardon à tout le monde. Je veux demander pardon aux Ivoiriens pour tout ce que j’ai pu faire à ce peuple qui a tant souffert», a-t-il déclaré à l’AFP.
 
Ses détracteurs l'accusent de comploter contre le pouvoir
Guillaume Soro occupe aujourd’hui le fauteuil de président de l’Assemblé nationale ivoirienne. Il a été le chef de la rébellion pendant toute la crise politico-militaire qui a secoué le pays entre 2002 et 2011 faisant plus de 3000 morts. Il avait contribué activement à l’arrivée au pouvoir du président Alassane Ouattara.
 
Aujourd’hui, ses détracteurs l’accusent régulièrement de «comploter» pour satisfaire ses ambitions présidentielles. Ils voient sa main derrière les mutineries qui ont secoué le pays depuis le début de l’année: «Ce sont des rumeurs, je n’en tiens pas compte», a-t-il assuré à l’AFP.
 
Guillaume Soro s’est gardé d’intervenir dans les mutineries, mais la découverte d’une cache d’armes dans la maison de son directeur du protocole n’a fait que renforcer les soupçons de ceux qui lui prêtent l’intention d’accéder au pouvoir par tous les moyens.
 
Dans les colonnes de Jeune Afrique, un dirigeant du parti au pouvoir, le Rassemblement des républicains (RDR), s’interroge: «Il n’y a pas de fumée sans feu. Il est légitime de se demander pourquoi son nom revient toujours lorsqu’il y a de sombres affaires. A quoi devaient servir ces armes de guerre? A un coup d’Etat? En tout cas, ce n’était pas pour tirer des pigeons», dénonce-t-il.

Dans le même journal, Guillaume Soro rassure ses détracteurs quant à ses relations avec le président Ouattara: «Je ne suis pas un homme qui pourrait poignarder dans le dos. J’ai toujours démontré ma loyauté envers le président Alassane Ouattara», se défend-t-il.
 
Pour les observateurs, cette crise a considérablement fragilisé l’équipe gouvernementale et surtout le président Alassane Ouattara.
 
D’autant plus que le coup de feu résonne encore à Abidjan. Les dernières fusillades se sont produites le 19 juillet, lorsque des hommes armés ont attaqué plusieurs bases militaires à Abidjan et dans le nord du pays.
 

Transcender les clivages
Guillaume Soro se lance un défi: transcender les clivages qui rongent la société ivoirienne depuis une décennie. «Ce dont la Côte d’Ivoire a besoin, c’est de beaucoup plus de tolérance, de pardon, de réconciliation, de paix», a-t-il déclaré à l’AFP.
 
Reste à savoir si sa main tendue à Laurent Gbagbo, son ancien mentor devenu l’ennemi à abattre, ne sera pas la goutte d'eau qui fait déborder le vase pour ses détracteurs qui gravitent autour du président Ouattara.
 
Dans le camp des vaincus, son appel à la réconciliation des Ivoiriens risque de rester lettre morte. De nombreux partisans de Laurent Gbagbo le considèrent aujourd’hui comme un repoussoir. «Peu importe le masque qu’il mettra, nous n’oublierons jamais qu’il est l’homme de la rébellion», confient-ils à l’hebdomadaire Jeune Afrique.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.