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Côte d’Ivoire: «Parti unifié», le projet qui divise la majorité présidentielle

A deux ans de la présidentielle, le Rassemblement des républicains (RDR) espère faire de son alliance avec le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), un «parti unifié». Au PDCI, l'idée a été depuis longtemps rejetée. Mais Guillaume Soro, le président de l'Assemblée, a de nouveau mis les pieds dans le plat.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Affiche de campagne de l'alliance du RHDP photographiée le 21 novembre 2010 dans les rues d'Abidjan, la capitale ivoirienne. On y voit Henri Konan Bédié, le président du PDCI (debout) et Alassane Ouattara, l'actuel président ivoirien et leader du RDR. (SIA KAMBOU / AFP)

«Le parti unifié, je l’espère, aura à se construire inclusivement. Laissons donc le temps aplanir les différends», a déclaré le président de l'Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro. Il a profité de la cérémonie d'ouverture de la session parlementaire, le 3 avril 2018, pour clarifier une position qui avait fuité, quelques jours plus tôt à la faveur d'un enregistrement clandestin. Le responsable politique s'en était d'ailleurs ému dans un tweet. 


La sortie de Guillaume Soro ramène à la surface les dissensions qui entourent ce projet de parti unifié voulu par le chef d'Etat ivoirien, Alassane Ouattara. Lequel est également le président d'honneur du Rassemblement des républicains (RDR). La principale opposition vient justement de la formation politique avec laquelle le RDR forme aujourd'hui une alliance politique au sein du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) et avec laquelle il veut fusionner, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI).

Alternance
La présidentielle de 2020 est au cœur de cette divergence. Pour le PDCI, l'idée d'un parti unifié est exclue avant cette échéance électorale où elle compte présenter son candidat. Le porte-parole adjoint du PDCI, Jean-Louis Billon, l'a rappelé le 10 mars 2018. Il confiait sur les antennes de RFI, quelques jours plus tard, que ses mots traduisaient également la pensée du patron du PDCI, Henri Konan Bédié, dont le nom est naturellement avancé pour représenter le parti.  

Dans un entretien accordé à Jeune Afrique en juin 2017, interrogé sur la naissance de cette formation commune en projet depuis 2014, Henri Konan Bédié préférait mettre en avant l'alliance actuelle du RHDP. Explications: «Nous avons signé ce pacte électoral en 2005 à Paris pour faire face à la situation de blocage politique que connaissait alors la Côte d’Ivoire. Avec les autres partis du Rassemblement, nous nous sommes engagés à laisser faire la démocratie au premier tour, puis à soutenir le mieux placé d’entre nous au second. Cela a très bien fonctionné en 2010, lorsque Alassane, moi-même, Laurent Gbagbo et d’autres nous sommes présentés.»

Et Henri Konan Bédié d'ajouter: «Alassane (Ouattara) a été élu sur la base de cet engagement. En 2015, il a fait savoir son intention de se représenter, et j’ai accepté. A travers l’appel retentissant lancé depuis mon village le 17 septembre 2014, l’appel de Daoukro, j’ai entraîné le PDCI derrière moi, et nous avons renoncé à avoir un candidat. Maintenant, nous approchons de la fin de ce deuxième mandat, et d’autres dispositions doivent être prises.»

Sourds
Pour le leader du PDCI, l'heure de l'alternance a donc sonné. Le candidat du RHDP au prochain scrutin présidentiel sera issu des rangs de son parti, a-t-il confié à Jeune Afrique. «Le PDCI aura un candidat en 2020. Ce sera le candidat unique du RHDP. Il faut qu’Alassane Ouattara et moi nous entendions sur ce point pour que cette alternance ait lieu.»

Cette dissonance, les dirigeants du RDR refusent, semble-t-il, de l'entendre depuis des mois. «Il peut avoir des voix discordantes, des opinions divergentes. Mais elles sont minoritaires. Nous sommes partis d'une alliance politique en 2005 pour arriver à la création d'un groupement de partis politiques reconnu par le ministère de l'intérieur en 2015. La prochaine étape pour nous c'est le parti unifié. Plus rien ne devrait empêcher la mise en place du parti unifié», assurait début mars 2018 à l'AFP Mamadou Touré, secrétaire général délégué et porte-parole du RDR (RDR). «La dynamique est en marche sereinement. Nous avons la certitude que nous aurons le parti unifié (...) qui sera une réalité très bientôt», estimait encore le responsable politique, avant la fin de non-recevoir du 10 mars 2018. 

Aujourd'hui, pour Guillaume Soro qui prône un retour au calme dans les débats, «il convient de laisser la place au dialogue» à propos de cette «question de la création d'un parti unifié de la mouvance présidentielle»

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