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En eSwatini, la population dans la rue réclame plus d’argent et de liberté

Le pays est en proie à une vague de mécontentement, en particulier des fonctionnaires qui réclament de meilleures rémunérations.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
3000 personnes ont manifesté dans les rues de Mbabane, la capitale d'eSwatini, le 25 septembre 2019. (MONGI ZULU / AFP)

La semaine dernière, de violents affrontements ont opposés les manifestants à la police, dans les rues de la capitale Mbabane. 3000 personnes voulaient s'écarter du tracé autorisé et des échauffourées ont éclaté quand les forces de l’ordre leur ont barré le chemin. Jets de pierres d'un côté, canon à eau et tirs de balles en plastique de l’autre ont conclu la seconde manifestation de la semaine.

Selon Vusie Nkambule du syndicat des communications et des transports SWATCAWU, deux responsables syndicaux ont été arrêtés par la police, puis relâchés après quelques heures de détention.

"Roi égoïste"

"Notre problème est d'avoir un roi égoïste", explique la chef du parti d’opposition, Sibongile Mazibuko. "Il vide les caisses du pays pour satisfaire ses propres besoins." Mazibuko s’en prend notamment aux cérémonies fastueuses, on pense entre autres à la fête des roseaux qu’organise Mswati III, monarque absolu et fantasque. 

Les syndicalistes de l'Afrique du Sud voisine ont apporté leur soutien aux Swazis. "Les travailleurs demandent une augmentation de 7,8% alors que le régime de Mswati dépense des millions de rands dans son incroyable mode de vie", déclare dans un communiqué le Congress of South African Trade Unions (COSATU).

Plus d'argent

Mais le gouvernement a déjà annoncé plus tôt dans l’année qu’il était incapable de répondre favorablement à la demande des fonctionnaires. "Le gouvernement se trouve dans une situation financière difficile, d’où son incapacité à accorder aux fonctionnaires un ajustement au coût de la vie pour les deux dernières années", a déclaré le Premier ministre Ambrose Dlamini.

Face à une telle fin de non-recevoir, l’opposition parle d’épreuve de force. "C’est un combat", selon Wandile Dludlu, le porte-parole de la coalition pro démocratie, le Pudemo, considéré par les autorités comme une organisation terroriste.

Poussée de fièvre

Déjà en 2011, des manifestations avaient secoué l'eSwatini – qui s'appelait alors Swaziland. Il s'agissait à l'époque de réclamer la démocratie pour le pays. Or, malgré la constitution de 2005, rien n’a réellement changé. Les partis politiques sont certes autorisés, mais interdits d’élection !

Au pouvoir depuis la mort de son père en 1986, le roi Mswati III ne semble pas vouloir aller plus loin sur la voie du changement démocratique. Ce petit pays de seulement 1,4 million d'habitants dépend de l’Afrique du Sud pour sa survie. Les deux tiers des habitants vivent sous le seuil de pauvreté.

"Le rôle des journalistes dissidents à eSwatini est plus crucial que jamais. Mais la triste réalité est que les journalistes critiques restants, dans la dernière monarchie absolue en Afrique, sont rares", écrit New Frame. "Demander des comptes aux autorités d'eSwatini est toutefois une tâche presque impossible en raison des lois répressives du régime à l'égard des dissidents", poursuit le journal. Autant dire que les choses ne sont pas près de changer.

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