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Ethiopie-Erythrée: Ryad conforte son influence dans la Corne de l’Afrique

L’Ethiopie et l'Erythrée ont signé le 16 septembre 2018 à Djeddah un deuxième accord pour sceller leur réconciliation et renforcer la paix dans la région. Parrainée par le roi Salmane en présence du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterrez, cette signature consacre par la même occasion le rôle de l’Arabie Saoudite dans la Corne de l’Afrique où elle tente une médiation également avec Djibouti.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Le président de l'Erythrée, Isaias Afwerki (à gauche), et le Premier ministre de l'Ethiopie, Abiy Ahmed (à droite), lors d'une cérémonie de signature organisée par le roi d'Arabie Saoudite, Salman bin Abdulaziz Al Saoud, au palais royal d'Al-Salam à Djeddah (Arabie saoudite), le 16 juillet 2018.
 (Bandar Algaloud/Royaume d'Arabie Saoudite/AGENCE ANADOLU)

Moins de trois mois après la signature, le 9 juillet 2018 à Asmara, d’une déclaration mettant fin à deux décennies d’état de guerre, l’Ethiopie et l’Erythrée confirment leur engagement sur le chemin de la paix.
 
«Un vent d'espoir» dans la Corne de l'Afrique pour le chef de l'ONU
Le président érythréen Issaias Afeworki et le Premier ministre éthiopien, le réformateur Abiy Ahmed, ont signé le 16 septembre à Djeddah un deuxième accord consolidant leur réconciliation.
 
Présidée par le roi Salmane d’Arabie Saoudite, la cérémonie s’est déroulée en présence de son fils et nouvel homme fort du royaume, le prince héritier Mohamed Ben Salmane, et du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.
 
Saluant «le courage, la vision et la sagesse» du Premier ministre éthiopien et la réponse rapide du président érythréen à répondre à cette initiative de Paix, le chef de l'ONU a également exprimé sa reconnaissance pour le rôle joué par l’Arabie Saoudite qui a facilité cet accord, rapporte le site de l’ONU.
 
«Cela signifie qu’il y a un vent d’espoir dans la Corne de l’Afrique», a déclaré le chef de l’ONU lors d’un point de presse avec le chef de la diplomatie saoudienne, Adel Ahmed al-Jubeir.
 
«Ce n’est pas seulement la paix entre l’Ethiopie et l’Erythrée, c’est le fait que demain et après-demain nous aurons, ici en Arabie Saoudite, le président de Djibouti et le président de l’Erythrée, deux pays qui se sont également opposés», a-t-il ajouté.

Sécuriser les deux rives de la mer Rouge 
L'Arabie Saoudite mais aussi les Emirats arabes unis, qui disposent d'une base militaire dans le port stratégique d'Assab en Erythrée, utilisée pour leurs opérations militaires au Yémen, ont en effet contribué au rapprochement historique entre Addis Abbeba et Asmara.
 
Engagés au Yémen dans une guerre contre les rebelles Houthis soutenus par l’Iran, les deux pays du Golfe, qui entretiennent également des relations étroites avec l'Ethiopie, tentent de sécuriser l’autre rive de la mer Rouge.
 
Des dizaines de navires transitent chaque jour par Bab el-Mandeb, le détroit stratégique qui sépare la péninsule arabique de la Corne de l'Afrique. Et les rebelles yéménites ont lancé plusieurs attaques sur des navires dans la région.
 
«L'accord de paix signé ce jour entre l'Ethiopie et l'Erythrée à Jeddah est un évènement historique qui va contribuer au renforcement de la sécurité et la stabilité dans la région», a affirmé de son côté le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel Ahmed al-Jubeir, sur son compte Twitter.

Le rapprochement s'est déjà traduit par la réouverture des ambassades à Asmara et Addis Abeba et le rétablissement des liaisons aériennes, des relations commerciales et des lignes téléphoniques. Deux postes-frontières ont également été ouverts le 11 septembre 2018.

Normaliser les relations entre Djibouti et l'Erythrée  
Forte de cette percée sur le continent africain, l’Arabie Saoudite œuvre à étendre davantage son influence dans la zone. Elle devait abriter les 17 et 18 septembre des pourparlers entre les présidents de Djibouti et d’Erythrée, opposés eux aussi par un différend frontalier.
 
Les relations entre Djibouti et l'Erythrée s'étaient tendues en avril 2008, après une incursion de troupes érythréennes vers Ras Doumeira, un promontoire stratégique surplombant l'entrée de la mer Rouge au nord de Djibouti-ville. Les deux pays s'étaient déjà opposés à deux reprises en 1996 et 1999 pour cette zone.
 
Le ministre érythréen des Affaires étrangères, Osman Saleh, a effectué le 6 septembre une visite surprise à son homologue djiboutien Mahamoud Ali Youssouf à Djibouti-ville, en vue de normaliser les relations entre les deux pays.

Le réchauffement des relations entre les deux capitales ennemies a en tout cas déjà eu un effet secondaire, celui de dégeler aussi les relations entre l'Erythrée et la Somalie.

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