L'Algérie "revoit" ses relations avec le Maroc, qu'elle accuse d'être impliqué dans des incendies meurtriers
Selon le président algérien, la plupart de ces incendies étaient d'origine "criminelle" – sans que soit présentée jusqu'à présent la moindre preuve. L'Algérie accuse un mouvement indépendantiste kabyle, soutenu selon elle par Rabat.
Tensions au Maghreb. L'Algérie a décidé, mercredi 18 août, de "revoir" ses relations avec le Maroc, accusé d'être impliqué dans les incendies meurtriers qui ont ravagé le nord du pays, alors que la frontière entre les deux pays est officiellement fermée depuis le 16 août 1994.
"Les actes hostiles incessants perpétrés par le Maroc contre l'Algérie ont nécessité la révision des relations entre les deux pays et l'intensification des contrôles sécuritaires aux frontières ouest", a indiqué un communiqué de la présidence algérienne, sans autre précision.
Cette décision a été prise lors d'une réunion extraordinaire du Haut Conseil de sécurité algérien, présidée par le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, et consacrée à l'évaluation de la situation après les gigantesques feux de forêt qui ont fait au moins 90 morts dans le nord du pays.
L'Etat accuse un mouvement kabyle
Selon le président, la plupart de ces incendies étaient d'origine "criminelle", sans que soit présentée jusqu'à présent la moindre preuve. L'enquête a permis de "découvrir qu'un réseau criminel, classé comme organisation terroriste", était derrière les incendies, "de l'aveu de ses membres arrêtés", a aussi assuré la Direction générale de la sûreté nationale.
Au-delà des pertes humaines et matérielles, et des carences des pouvoirs publics mises en lumière lors de ces incendies, les Algériens ont été profondément choqués par le lynchage et l'immolation d'un homme accusé à tort de pyromanie en Kabylie, région berbérophone du nord-est du pays ravagée par les feux. Soixante et un suspects ont été arrêtés depuis le meurtre de Djamel Ben Ismaïl le 11 août.
Les dirigeants algériens ont accusé le MAK (Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie), une organisation indépendantiste, d'être responsable des incendies et de la mort du jeune homme. Certains des suspects arrêtés ont confessé appartenir au MAK, selon des aveux filmés et diffusés par les télévisions algériennes. Or Alger affirme que ce mouvement "reçoit le soutien et l'aide de parties étrangères, en tête desquelles le Maroc et l'entité sioniste [Israël]". Basé à Paris, le MAK, interrogé par l'AFP, a rejeté ces allégations.
Alger a également mis en cause le mouvement islamo-conservateur Rachad, établi à Londres. Ces deux mouvements, bêtes noires du pouvoir algérien, sont illégaux en Algérie où ils ont été classés comme "organisations terroristes" le 18 mai dernier.
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