Le Nil, fleuve nourricier et facteur de tensions
Le premier accord sur le partage des eaux du Nil date de 1929. L’ancienne puissance coloniale britannique qui contrôle la plupart des pays riverains du Nil accorde à l’Egypte et au Soudan des avantages exorbitants sur l’utilisation des eaux de ce fleuve. 48 milliards de mètres cubes par an pour l’Egypte et 4 milliards pour le Soudan.
Le traité est assorti d’un droit de veto égyptien sur toute construction en amont susceptible de réduire le débit de l’eau. Un droit de regard sur l’ensemble du Nil, depuis son embouchure à ses sources.
En 1959, Khartoum obtient de son voisin égyptien un nouvel accord qui fait passer sa part de 4 à 22 milliards de mètres cubes par an. Les deux pays se partagent les droits sur 87% du débit du Nil.
Premières contestations
Très vite, le gouvernement éthiopien dénonce un arrangement qui le prive d’un accès au Nil Bleu dont les eaux baignent ses terres.
C’est le projet de construction du haut barrage d’Assouan en Egypte qui a mis le feu aux poudres. Dès 1954, l’Ethiopie fait connaître sa ferme opposition.
Addis Abeba affirme qu’il n’accordera aucune concession aux pays situés plus en aval du fleuve qui lui refusent un droit sur ses eaux. La majorité des autres pays du bassin du Nil lui emboîtent le pas.
Le 14 mai 2010, l’Ethiopie signe avec le Rwanda, la Tanzanie, l’Ouganda et le Kenya un accord remettant en question «les droits acquis» de l’Egypte et du Soudan. Ils veulent développer des projets sur le Nil, sans avoir à solliciter l’accord du Caire. L’Egypte manifeste son désaccord et claque la porte de l’initiative du Bassin du Nil qui regroupe les dix Etats riverains du Fleuve depuis février 1999.
Le conflit a failli dégénérer en guerre ouverte
La première grande alerte remonte à l’année 1958, lorsque le Soudan décide de lancer les travaux de construction de son troisième barrage sur le Nil Bleu. L’Egypte décide d’une offensive militaire qui est arrêtée sous la pression internationale.
Les années passent et les besoins des pays des sources du Nil sont de plus en plus immenses. Au mois de mai 2013, l’Ethiopie commence à détourner les eaux du Nil Bleu. Son projet: construire sur ce fleuve un immense barrage baptisé «Grand barrage de la renaissance» pour alimenter son secteur agricole. Le pays a aussi l’ambition de devenir le principal exportateur d’électricité pour l’est de l’Afrique.
Alors qu’il vient d’arriver au pouvoir au Caire, l’ancien président égyptien Mohamed Morsi hausse le ton. Il menace de recourir à la force pour défendre ce qu’il appelle «les droits historiques» de son pays. L’Egypte craint pour le débit du Nil dont dépendent ses agriculteurs pour l’approvisionnement en eau.
Nouvel accord en voie de finalisation
La tension est retombée le 23 mars 2015 avec la signature d’un accord de principe sur la construction du barrage éthiopien «Grande renaissance» et sur la répartition des eaux du grand fleuve.
Le président égyptien, son homologue soudanais et le Premier ministre éthiopien ont désamorcé le conflit à Khartoum, la capitale soudanaise, où se rejoignent le Nil Blanc et le Nil Bleu pour former le Nil, avant qu'il se jette en Méditerranée. Ils ont donné leur accord de principe à la construction du barrage éthiopien. L’accord définitif doit être finalisé, mais l’Ethiopie et ses partenaires riverains du Nil ont marqué un point dans leur lutte pour une répartition équitable des eaux de ce fleuve mythique.
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