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Libye : Poutine met en garde contre l’infiltration de jihadistes en provenance de Syrie

A l’occasion d’une brève visite de travail à Rome, Vladimir Poutine s’est dit préoccupé par l’ouverture d’un nouveau front islamiste en Libye.

Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Premier ministre italien Giuseppe Conte (à gauche) et le président russe Vladimir Poutine (à droite) passent en revue un régiment militaire à leur arrivée au Palazzo Chigi, à Rome, le 4 juillet 2019. (TIZIANA FABI / AFP)

Au cours de sa visite express en Italie, le 4 juillet 2019, le président russe a rencontré le Pape François au Vatican et le président du Conseil italien Giuseppe Conte à Rome. Outre un plaidoyer en faveur de "relations sans sanctions" avec l’Union européenne, Vladimir Poutine a évoqué avec ses hôtes la situation en Syrie, en Ukraine et en Libye, exprimant sa plus vive inquiétude pour cette dernière, comme l'a souligné le quotidien italien Corriere Della Sera. "Il faut mettre fin le plus vite possible aux affrontements armés et mettre en place un dialogue" en Libye, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse avec M. Conte.

"C'est une menace pour tous"

Estimant que la situation se dégradait dans ce pays, il s’est dit "surtout préoccupé par l’infiltration" de centaines de combattants armés en Afrique du Nord en provenance de la zone de désescalade d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie. Une zone où se trouvent retranchés quelque trois millions de personnes, dont les forces d’opposition au président Bachar al-Assad.

Pour le chef du Kremlin, qui soutient à bout de bras le régime de Damas, "c'est une menace pour tous, parce qu’ils peuvent se déplacer n’importe où depuis la Libye", a-t-il souligné, sans plus de précisions sur leur nombre et la manière dont ces jihadistes parviennent à se rendre en Libye.

Toutefois, selon le compte twitter Turkeyaffaires, le président Poutine aurait "fait allusion" au fait que le régime d’Erdogan se chargerait du transfert de ces radicaux d’Idlib en Libye (voir vidéo ci-dessous en arabe).

Sur le terrain, le président russe soutient le Maréchal Haftar, qui se pose en champion de la lutte contre les jihadistes, mais dont l’offensive sur Tripoli est toujours mise en échec par les forces de son rival, Fayez al-Sarraj et les milices islamistes alliées.

Moscou peut aider

Lors de sa conférence de presse à Rome, il en a profité pour rappeler que "c'est l'Otan qui a bombardé et détruit la Libye en tant qu'entité politique", a-t-il dit, ajoutant : Moscou peut aider, "mais nous ne voulons pas être impliqués en premier".

Dans un commentaire sur son compte twitter, un observateur libyen de la situation a vu dans ce rappel "la fin du rêve des milices et d’Al-Sarraj de voir l’Otan voler à leur secours… Pas de décision sans Moscou…", a-t-il commenté.

Pour l’heure, ce sont en tout cas les bombardements russes en appui aux forces du régime syrien qui continuent de pousser la population et les combattants d’Idlib à l’exode et au repli sur la Libye. Selon le site iranien PressTV, les avions syriens et russes ont bombardé le 4 juillet une base souterraine du groupe terroriste du Front de libération nationale (FNL), soutenu par la Turquie, près de la ville de Madaya, dans le sud d’Idlib. Plus de 15 terroristes ont été tués ou blessés.

Ces frappes constituaient une riposte à la tentative d'infiltration menée par le FNL dans le nord de Lattaquié. Une province particulièrement stratégique sur la Méditerranée, souligne encore PressTV. "La Russie y détient une base aérienne que les terroristes soutenus par la Turquie, les Etats-Unis et l'Otan visent régulièrement. Le tunnel souterrain contenaient, selon des sources, un vaste stock d'armes et de munitions."

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