Massacres, décapitations, enlèvements… un groupe islamiste sème la terreur au Mozambique
Les jihadistes, qui ont prêté allégeance au groupe Etat islamique, sont actifs depuis trois ans dans la région de Cabo Delgado dans l'extrême nord du pays.
Les corps mutilés d'au moins vingt personnes été retrouvés début novembre, dispersés dans une forêt de la province de Cabo Delgado dans l’extrême nord du Mozambique. Depuis 2017, des insurgés islamistes multiplient les attaques dans la région. Que se passe-t-il exactement ? Pourquoi le nord du Mozambique est visé ? Des clés pour comprendre.
Que se passe-t-il ?
Au moins 50 personnes ont été tuées ces derniers jours au nord du Mozambique dans des attaques particulièrement sordides. La dernière en date a pris pour cible une cérémonie d’initiation pour adolescents. Plus de quinze d’entre eux ont été décapités, selon les informations rapportées par la presse locale. Il y a eu également ces dernières semaines d’autres victimes et des enlèvements de filles dans la province de Cabo Delgado, une région à la frontière avec la Tanzanie, où sévit depuis 2017 un groupe armé. Ces insurgés islamistes ont déjà attaqué, pillé et brûlé plusieurs villages.
Le nord, une région stratégique
Ancienne colonie portugaise, le Mozambique est indépendant depuis 1975 seulement. Après des années de guerre civile (1976-1992), des accords de paix signés ouvrent une période de stabilité relative. Situé sur la côte orientale du continent africain, ce grand pays multiconfessionnel de plus de 30 millions d’habitants est l’un des plus pauvres et des moins développés au monde. Et pourtant, ses sols regorgent de richesses naturelles avec notamment d’immenses réserves de gaz qui attirent les plus grandes compagnies internationales dont le groupe français Total. Elles se trouvent au large de province de Cabo Delgado dans le Nord-Est. La zone est donc stratégique pour l’exploitation et l’exportation gazière.
L'émergence d’un groupe islamiste
Cabo Delgado à majorité musulmane est l’une des provinces les plus pauvres du Mozambique. Le boom gazier et les investissements à plusieurs milliards de dollars renforcent la frustration des populations qui se sentent exclues par cet enrichissement promis. L’environnement est favorable à l’émergence d’un mouvement insurrectionnel. Il sera islamiste avec la naissance d’abord d’une organisation religieuse prénommée Ansar al Sunna (les partisans de la tradition). Dès 2015, celle-ci prône la lutte contre la corruption et l'application de la charia (la loi islamique). Le mouvement que l’on appelle aussi al-Shebab (les jeunes en arabe) prend une tournure violente et mène ses premières attaques en 2017. Depuis, il monte en puissance et lance des actions au nom du groupe Etat islamique.
Une menace pour la région ?
Après avoir sous-estimé la menace qu'il qualifiait de simple banditisme, le gouvernement mozambicain a finalement demandé à l'Union européenne, fin septembre 2020, son soutien pour stopper le péril jihadiste qui menace la stabilité du pays et de la région. Plusieurs attaques meurtrières ont été menées en Tanzanie voisine. Depuis 2017, les violences ont fait au moins 2 000 morts et provoqué le déplacement de plus de 400 000 personnes. La situation fait réagir la communauté internationale. L'ONU a demandé des mesures urgentes pour protéger les civils dans la province de Cabo Delgado. En France, le président a dénoncé le "terrorisme islamiste" suite à la dernière attaque marquée par des décapitations. Dans un message posté sur twitter, Emmanuel Macron a évoqué une "menace internationale qui appelle une réponse internationale".
Au Mozambique, plus de 50 personnes ont été décapitées, des femmes kidnappées, des villages pillés puis incendiés. Des barbares détournent une religion de paix pour semer la terreur : le terrorisme islamiste est une menace internationale qui appelle une réponse internationale.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) November 11, 2020
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