Mozambique : l'ONU souligne la situation "désespérée" de la population après des attaques jihadistes dans le nord du pays
La Haute-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a demandé des mesures urgentes pour protéger les civils dans la province de Cabo Delgado, en proie à une sanglante rébellion islamiste.
La violence islamiste ne faiblit pas au Mozambique. L'ONU a demandé, vendredi 13 novembre, des mesures urgentes pour protéger les civils dans la province de Cabo Delgado, dans le nord-est du pays, en proie à une rébellion islamiste, jugeant la situation de la population "désespérée".
"La situation est désespérée à la fois pour ceux qui sont piégés dans les zones touchées par le conflit, avec à peine de quoi survivre, et pour ceux qui sont déplacés à travers la province et au-delà", a déclaré la Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, dans un communiqué.
Meurtres de civils et affrontements
"Ceux qui sont restés sur place ont été privés des produits de première nécessité et risquent d'être tués, abusés sexuellement, kidnappés ou recrutés de force par des groupes armés. Ceux qui fuient risquent leur vie", a-t-elle déploré.
Les jihadistes, qui ont prêté allégeance au groupe Etat islamique (EI), sont actifs depuis trois ans dans la région de Cabo Delgado. Ils attaquent les villages pour y semer la terreur et tenter d'y implanter un califat. Les attaques, notamment le meurtre de civils et les affrontements avec les forces de sécurité à différents endroits de la province de Cabo Delgado, se sont multipliées ces dernières semaines.
L'ONU juge la situation des droits de l'homme "de plus en plus alarmante". Des dizaines de personnes auraient été tuées (dont des enfants) et des centaines auraient été forcées de fuir leurs maisons, selon le bureau de la Haute-Commissaire. Plus de 350 000 personnes ont été déplacées en raison de la violence dans cette région au cours des trois dernières années, selon l'ONU.
Depuis le 16 octobre, plus de 14 000 personnes ont fui par la mer. Au moins un bateau a chaviré, ce qui aurait fait une quarantaine de morts, dont des enfants, toujours selon l'ONU. Le Haut-Commissariat craint que des milliers d'autres personnes soient prises au piège dans les zones de conflit, beaucoup se cachant pendant des jours.
Des zones isolées privées d'aide
La situation est d'autant plus inquiétante selon l'ONU que certaines zones ont été privées de toute aide humanitaire pendant plus de six mois, de nombreux secteurs du nord ayant été isolés de fait du reste de la province.
"Il est primordial que les autorités étatiques assurent la protection des civils à l'intérieur et à l'extérieur des zones touchées par le conflit et que les agences humanitaires se voient garantir un accès sécurisé et sans entrave afin de pouvoir fournir assistance et protection vitales", a indiqué Mme Bachelet.
"Cela est particulièrement crucial compte tenu du risque de choléra et de la propagation de la pandémie de Covid-19", Cabo Delgado étant l'une des régions les plus touchées par l'épidémie dans le pays, a-t-elle ajouté.
En raison des difficultés d'accès aux zones touchées, l'ONU indique qu'il est extrêmement difficile de vérifier les informations faisant état des atrocités, dont des décapitations d'enfants, qui auraient été commises au cours des deux dernières semaines.
L'ONU appelle également les autorités mozambicaines à faire la lumière sur les accusations de violations des droits humains visant leurs forces de sécurité mozambicaines ces dernières années, dont des exécutions extrajudiciaires et des mauvais traitements.
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