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Somalie: l'ex-N°2 des Shebabs, Mukhtar Robow, candidat à la présidence de Baidoa

Ancien haut responsable du groupe djihadiste somalien des Shebabs, Mukhtar Robow s’était déclaré candidat à la présidence de Baidoa, la région sud-ouest de la Somalie. Rejetée par le gouvernement de Mogadiscio, sa candidature vient d’être validée par la commission électorale.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
L'ancien chef adjoint et porte-parole du groupe Shebab affilié à Al-Qaïda, Cheikh Mukhtar Robow, également connu sous le nom d'Abou Mansur, lors d'un entretien avec des journalistes, le 15 août 2017 à Mogadiscio. (MOHAMED ABDIWAHAB/AFP )

Ancien numéro 2 et porte-parole du groupe djihadiste des Shebabs, Mukhtar Robow rêve désormais d’une autre vie. Il veut poursuivre son combat mais par la voie politique.

Sollicité par des habitants et des intellectuels
Lors d'un discours prononcé le 4 octobre 2018 à Baidoa,  il a fait acte de candidature à la présidence de la région du sud-ouest en Somalie. Une région dont il est originaire et où il tenait son premier meeting dans la perspective du vote du 27 novembre prochain.

Expliquant «avoir été sollicité par des habitants et des intellectuels» de son fief, l’ancien militant islamiste a déclaré devant ses partisans: «Si Dieu le veut, nous gagnerons l’élection et la paix l’emportera.»

Le jour même, le gouvernement central à Mogadiscio, embarrassé par la candidature d’un «terroriste repenti», lui demandait par la bouche du ministre de l’Intérieur de se rétracter.

Une demande rejetée par la Commission électorale de Baidoa qui a estimé qu’il avait le droit de se présenter en tant que citoyen somalien et qui vient de lui accorder l’autorisation de le faire.

Un des pères fondateurs des Shebabs
Agé de 49 ans, Mukhtar Robow était connu pour être en 2006 un des pères fondateurs du mouvement islamiste Shebab affilié à Al Qaida en Somalie. Admirateur de Ben Laden, il avait été formé en Afghanistan avant de gravir les échelons jusqu’au poste de numéro 2 du groupe extrémiste.

Réputé être sur une ligne plutôt modérée au sein du mouvement, en s’opposant notamment aux meurtres de civils, il finira par rompre avec les Shebabs en 2012, en raison de divergences idéologiques.
Mukhtar Robow, à l'époque où il était encore porte-parole des Shebabs, en conférence de presse le 27 octobre 2008, à Mogadiscio. (MUSTAFA ABDI/AFP)

«Je suis en désaccord avec leur credo qui ne sert pas la religion islamique», avait-il expliqué. Il ira jusqu’à défier en 2013 le dirigeant du groupe, Ahmed Abdi Godane, entraînant une violente guerre interne, raconte RFI.

Depuis, sans jamais exprimer de regrets, le responsable djihadiste s’efforce de polir son image de chef de guerre.

Des Somaliens veulent que Robow soit jugé
Le 23 juin 2017, le bureau du contrôle des avoirs étrangers du Département du trésor américain le retire de la liste des têtes mises à prix.

Deux mois plus tard, il se rend aux autorités somaliennes, critique les pratiques des Shebabs et appelle les partisans à quitter les groupe. Il ira jusqu’à condamner la cruauté de l’attentat meurtrier du 14 octobre 2017 qui avait fait 358 morts à Mogadiscio, et fera même don de son sang pour les victimes.

Aujourd’hui, l’ancien dirigeant djihadiste bénéficie d’une certaine popularité dans sa région natale. «Il est considéré comme un modéré des Shebabs qui avait épargné la vie de certains fonctionnaires et soldats au moment d’exécutions en 2009», rappelle Africanews.

D’autres Somaliens, «encore hantés par les souvenirs de Robow, soutiennent qu’il doit répondre de ses actes et être jugé. Une volonté qui pourrait se heurter à l‘état de chaos dans lequel se trouve l’Etat somalien», ajoute encore le site africain en ligne.

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