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Togo : la tension monte à la veille de nouvelles manifestations de l’opposition

L’appel à «un dialogue constructif», lancé par le secrétaire général de l’ONU à l’exécutif togolais, pourrait rester lettre morte. Le fossé se creuse entre le pouvoir togolais et ses opposants. Pour le président du Mouvement Martin Luther King, il va falloir un miracle pour éviter le chaos. Le pasteur Edoh Komi s'est confié à Géopolis.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le chef de file de l'opposition togolaise, Jean-Pierre Fabre, harangue la foule lors de la manifestation du 7 septembre 2017 à Lomé. (Photo AFP/Pius Utomi Ekpei)

Où va le Togo? s’interroge le pasteur Edoh Komi, personnalité respectée de la société civile et président du Mouvement Martin Luther King. Il observe avec inquiétude que son  pays plonge progressivement dans la panique. Et il craint le pire au moment où de nouvelles manifestations sont annoncées par l’opposition.
 
«Il y a de quoi redouter le pire parce que les positions restent tranchées du côté du pouvoir comme du côté de l’opposition. Il va falloir un miracle de Dieu pour que nous ne sombrions pas dans le chaos», confie-t-il à Géopolis.
 
Les manifestations auraient déjà fait au moins quatre morts dont un enfant d’une dizaine d’années et des dizaines de blessés.
 
Les opposants au président exigent son départ immédiat
Au cœur de cette nouvelle crise togolaise se trouve la gestion du pouvoir que l’opposition veut arracher au président Faure Gnassingbé, considéré comme «l’héritier d’un pouvoir familial cinquantenaire». Des centaines de milliers de manifestants à travers le pays scandent le même slogan : «50 ans de la même famille au pouvoir, c’est trop».
 
Du jamais vu. Personne ne s’attendait à une telle mobilisation des partis de l’opposition. La présence massive des forces de l’ordre n’a pas fait reculer les marcheurs dont les leaders appellent à de nouvelles manifestations les 26, 27 et 28 septembre.
 
«Les Togolais n’auront ni répit, ni repos, tant que Monsieur Faure Gnassingbé n’aura pas quitté le pouvoir», a martelé Jean Pierre Fabre, chef de file de l’opposition.
 
Pour le pasteur Edoh Komi, exiger le départ du président dont le mandat ne se termine qu’en 2020 n’est pas du tout raisonnable. «On ne peut pas demander à la fois des réformes constitutionnelles et revendiquer le départ du président alors que son mandat est toujours en cours. Cela ne peut pas apaiser les choses. Il faut renoncer à cette revendication qui complique la situation».
 
Le pasteur Komi Edoh Kossi est président du Mouvement Martin Luther King, basé à Lomé au Togo. Il estime que revendiquer le départ d'un président en cours de mandat complique la situation. (Photo/Mouvement Martin Luther King)

«Il faut sauvegarder le Togo du chaos»
Plus que jamais, l’opposition semble vouloir taire ses divisions pour arriver à ses fins. «Il y a une vraie fenêtre de tir qu’il ne faut pas laisser passer», estime l’opposant Nathaniel Olympio, président du Parti des Togolais.
 
«Je comprends ceux qui dénoncent un pouvoir familial cinquantenaire», rétorque le pasteur Edoh Komi. «La question qui se pose, c’est comment assurer une alternance qui ne plonge pas le pays dans la douleur. Qu’est-ce-qui peut se passer avec la présence de l’armée contrôlée par le pouvoir ? Il faut absolument sauvegarder le Togo du chaos», tranche le président du Mouvement Pasteur Luther King.
 
Pour lui, le salut réside dans une médiation internationale. D’où l’intérêt qu’il porte à l’appel que vient de lancer le secrétaire général de l’ONU aux protagonistes togolais. Antonio Guterres leur suggère d’ouvrir sans tarder un dialogue constructif.
 
«Il va falloir que les Nations Unies prennent l’initiative de convoquer ce dialogue. Si tel n’est pas le cas, ce sera très difficile. Parce que les acteurs politiques togolais ne se font plus confiance. Nous appelons les Nations Unies à conduire ce dialogue pour le rendre crédible».
 
Pour apaiser la situation, le pasteur Edoh Komi estime aussi que le président Faure Gnassingbé pourrait annoncer solennellement qu’il ne sera pas candidat pour un nouveau mandat en 2020. Il contribuerait ainsi à préserver la paix de son peuple et pourrait quitter le pouvoir, le moment venu, la tête haute, conclut-t-il. 

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