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Zimbabwe: la sulfureuse Grace Mugabe sera-t-elle bientôt présidente?
On la surnomme «disgrâce» ou la «first shopper» (première cliente), en raison de son goût immodéré pour les emplettes dans les magasins de luxe. Grace Mugabe, l’épouse de Robert, l’inoxydable président du Zimbabwe ne cesse de faire la une des journaux. Parfois à la rubrique people quand elle met une raclée à un mannequin. Mais la dame fait aussi de la politique.
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Robert Mugabe n’a pas encore tranché. Le plus vieux chef d’Etat en exercice de la planète (93 ans) est déjà investi par son parti pour se succéder à lui-même. Mais va-t-il se présenter en 2018? Lors d’un meeting devant des jeunes, le 11 septembre 2017, il n’a pas lancé sa femme dans l’arène. A l’entendre, la transition sera démocratique. Il n’entend pas transmettre le pouvoir de façon automatique. «Je suis les règles à la lettre. Je ne peux pas laisser ma femme au pouvoir comme ça se passe dans certains pays francophones. Nous ne mangeons pas de ce pain-là.»
Grace Mugabe elle, ne voit (pour l’instant) personne d’autre que son (très) vieux mari, être digne du pouvoir. «Dieu veut encore que Mugabe nous dirige. Quand l'heure viendra pour Mugabe de décider que son corps ne lui permet plus de continuer, il le dira lui-même.» On pensait Grace plus ambitieuse pour sa propre personne. Et d’ailleurs, beaucoup d’observateurs l’imaginent très bien concourir à la présidentielle en 2018.
Le pouvoir de l’argent
Grace Marufu est née en Afrique du Sud en 1965. Elle épouse en première noce un pilote de l’armée de l’air qui lui donne un fils en 1984. Arrivée au secrétariat de Robert Mugabe, elle devient vite sa maîtresse. Trois enfants plus tard, elle épouse en grande pompe «captain Bob» en 1996. Elle a 31 ans, lui 72!
#zimbabwe : Grace Mugabe, une « formidable force politique » capable de succéder à son mari ? https://t.co/WMzjgjGl0E
— Jeune Afrique (@jeune_afrique) February 22, 2017
Désormais au sommet, Grace devient incontrôlable, et cela dans tous les domaines. Elle dépense sans compter dans des après-midi shopping, d’où son surnom de «Gucci Grace» ou de «first shopper». Elle n’hésite pas, selon le Daily Telegraph, à payer une note de 81.000 euros dans un magasin parisien. Pour dépenser, il faut de l’argent. Or, on retrouve son nom dans les Wikileaks, soupçonnée de participer à un trafic de diamants. Des ventes illégales qui lui auraient rapporté des millions de dollars. On ne compte plus ses propriétés au Zimbabwe ou ailleurs dans le monde.
Ambitieuse
La voilà désormais entrée de plain-pied en politique. Après l’argent, l’heure semble sonner pour la conquête du pouvoir. En 2014, son mari la propose à la présidence de la Ligue des femmes du parti du président, la Zanu-PF. La parvenue fait tomber au passage une figure de la guerre d’indépendance, la vice-présidente Joice Mujuru. Un scandale de corruption et une accusation de complot terroriste écartent la concurrente, longtemps donnée pour héritière de Mugabe. Grace Mugabe est désormais en piste pour la présidence.
Rixe à l’hôtel
Madame Mugabe sort régulièrement les griffes. En 2009 à Hong Kong, elle s’en prend à un photographe de presse à la sortie d’un hôtel de luxe. Elle récidive en 2014, toujours contre les journalistes, mais cette fois à Singapour, alors que son mari passe un check-up dans un hôpital.
Mais sa dernière frasque a sensiblement terni son image. Le 13 août dernier à Johannesburg, elle est accusée d’avoir sérieusement rossé une jeune mannequin, à coup de rallonge électrique. Gabriella Engels passait la soirée dans une chambre d’hôtel avec les deux fils de Grace Mugabe. Soudain, la première dame a fait irruption dans la chambre, accompagnée de ses gardes du corps et a frappé la jeune femme. «Je croyais que j’allais mourir», a déclaré Gabriella à la presse. Les médecins ont posé 14 points de suture sur le crâne de la jeune fille.
Grace Mugabe says 'drunk, unhinged' Gabriella Engels attacked her with a knife - Mail & Guardian https://t.co/TSPB2C8YL6
— South African News (@SANewsRoundup) September 11, 2017
Grace Mugabe n’a pas eu à répondre de ses actes devant la justice. Les autorités zimbabwéennes ont demandé mercredi 16 août à Pretoria l'immunité diplomatique pour la première dame, un privilège qui lui a finalement été accordé. A peine le sésame obtenu, Grace Mugabe a regagné Harare.
Mais l’épisode a semble-t-il sérieusement calmé les ardeurs politiciennes de Grace Mugabe. Elle calme le jeu, ce qui expliquerait selon les observateurs, son soutien à Robert Mugabe.
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