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Il y a 200 ans, la première institution européenne

Je vais vous parler d’un temps que les moins de 200 ans ne peuvent pas connaître. 1815, juste après les guerres napoléoniennes, on se rencontre à Vienne, on décide de faire la paix et on crée celle qui aujourd’hui encore est la plus vieille institution internationale au monde.
Article rédigé par Dominique Voegele
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Strasbourg abrite la plus ancienne institution internationale au monde (EP- 2014)

Et cette vieille dame très digne s’appelle la Commission Centrale pour la Navigation du Rhin.
Elle a vécu ses premières années à Mayence, puis à Mannheim avant de rejoindre Strasbourg en 1920 après le Traité de Versailles.

L’idée de départ, c’est d’assurer sur le Rhin la liberté de circulation. D’ailleurs, cette préoccupation apparaît avant même le Congrès de Vienne dès 1804. Un peu plus tard apparaissent avec l’Acte de Mannheim deux nouvelles notions, deux nouvelles volontés politiques. Développer l’économie, la prospérité de cette navigation, mais aussi sa sécurité. Un petit espace commun, presque un marché commun avant la lettre.
 
Aujourd’hui
La Commission centrale pour la Navigation du Rhin est composée de cinq Etats membres: l’Allemagne, la France, la Belgique, la Suisse et les Pays-Bas. Mais participent aussi aux travaux bon nombre d’Etats observateurs, par exemple la Bulgarie, le Royaume-Uni ou bien encore l’Ukraine.

Il faut dire que le Rhin, ce n’est pas n’importe quoi. De Bâle à Rotterdam, près de 900 kilomètres de voie navigable. Plus des 2/3 des marchandises transportées par voie navigable en Europe le sont par le Rhin. Cette Commission est un outil de gestion très importante et son savoir-faire est reconnu. Pour Albert Bour, qui a été longtemps le conseiller juridique de la Commission Centrale, c’est une boîte à outil unique en son genre, basée sur des principes très clairs.

 

Cette Commission, c’est un ensemble cohérent. Elle possède son propre système juridique et elle est capable de prendre sans tergiverser et sans voies de recours interminables. Elle a développé un vrai savoir-faire qui s'était étendu avant la Seconde Guerre mondiale au bassin du Danube, bien plus étendu que celui du Rhin. Certes, les circonstances politiques au lendemain de 1945 ont amené la navigation sur le Danube à abandonner ce système référence, mais en Afrique, par exemple, la Commission centrale a essaimé.


En 1950, les pères fondateurs de l’Europe avaient imaginé qu’en partageant et en gérant en commun certaines richesses, on stabiliserait le continent européen avec une paix durable. Cette idée, c’était aussi celle qui a amené la création de la Commission Centrale. Il y aura quand même les guerres mais le raisonnement se tenait…

D’ailleurs, un autre militant de l’Europe, un certain Victor Hugo avait écrit ces lignes…
«Oui, mon ami, c’est un noble fleuve, féodal, républicain, impérial, digne d’être à la fois français et allemand ; il y a toute l’histoire de l’Europe considérée sous ses deux grands aspects, dans ce fleuve des guerriers et des penseurs, dans cette vague superbe qui fait bondir la France, dans ce murmure profond qui fait rêver l’Allemagne. Le Rhin réunit tout.»
 
Un fleuve qui réunit, mais qu’il faut aussi soigner. Et l’une des tâches de la Commission, moins présente au début de son histoire, est clairement la gestion environnementale du Rhin. Un élément de travail qui complète l’action de la Commission et qui la caractérise comme étant sans doute un modèle de gestion et de développement durable.
 
 

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