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La démocratie au coeur du sommet de la Francophonie

Petit tour d’horizon des points forts du 14e sommet de la Francophonie qui s’est déroulé à la mi-octobre à Kinshasa, en République Démocratique du Congo.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Les présidents congolais, français et burkinabè, MM.Kabila, Hollande et Comporé, à Kinshasa pour le 14e sommet de la Francophonie, le 13 octobre 2012. (AFP PHOTO / POOL / BERTRAND LANGLOIS)

Lancée dans la foulée de la décolonisation en 1970 à Niamey, l’organisation avait pour objectif fondateur la défense et la promotion de la langue française, parlée par quelque 220 millions de personnes dans le monde.

Aujourd’hui, l’Organisation internationale de la Francophonie a, en plus, pour mission la défense de l'éducation, le développement de la coopération au service du développement durable, la promotion de la paix, la démocratie et les droits de l'Homme. Sans oublier un rôle de coopération diplomatique.

A la tête d’un budget d'environ 80 millions d'euros, supporté à près de 40% par la  France, elle est censée jouer un rôle de médiation dans les conflits, notamment en Afrique, et aide à l'organisation d'élections en envoyant des observateurs ou du matériel.

Elle se prévaut aussi sur le terrain de quelques réalisations comme l'Agence universitaire de la Francophonie, la chaîne de télévision TV5Monde, l'Association internationale des maires francophones ou l'Université Senghor.

Le français dans le monde

AFPTV, mise en ligne le 11 octobre 2012

Un sommet sous tension
Si François Hollande a hésité à faire le déplacement pour Kinshasa, en raison de la politique menée par le président congolais Joseph Kabila – la RDC est souvent vue comme une démocratie à géométrie variable –, le Premier ministre canadien Stephen Harper a souhaité que les prochains sommets de la Francophonie se tiennent «uniquement dans des pays démocratiques».

La décision de le tenir dans ce pays d’Afrique centrale a été prise avant l'élection présidentielle de décembre 2011, entachée de forts soupçons de fraude et de violences lors de la réélection de Joseph Kabila.

Marqué par les rapports tendus entre Joseph Kabila et François Hollande, le sommet n'aura «pas conforté» le régime congolais, comme le craignait l'opposition, selon un commentaire du directeur du département Afrique centrale de l'organisation International Crisis Group, Thierry Vircoulon.

Ce dernier a estimé que «le président français avait fait ce qu'il avait dit qu'il ferait: mettre l'accent sur le déficit de démocratie et des droits de l'Homme, et ça a quand même surpris beaucoup de gens». Du coup, ces questions se sont retrouvées au centre du sommet.

Kabila botte en touche, Compaoré le défend
Le président congolais a déclaré que son pays n'était «pas du tout complexé» par son «niveau de démocratie», après les critiques émises par le président français qui avait jugé «tout à fait inacceptable sur le plan des  droits, de la démocratie, et de la reconnaissance de l'opposition». Dont acte !

Commentaire du président burkinabè, Blaise Compaoré : «J’ai eu l'impression que ce message n'a pas tenu compte des  réalités de ce pays.» Et d’ajouter : «Cela peut être compris comme un appel à l'effort, mais il faut accompagner cela du respect aussi pour ce que ces gens ont fait comme efforts car construire la démocratie dans un pays qui sort de guerre avec des difficultés de tous ordres, ce n'est pas si évident que ça.»

En conclusion, le président burkinabè a dit son impression «que ce qui manque souvent à la France, c'est de connaître les réalités africaines et de les prendre en compte, quel que soit le régime».

Une avancée pour la République Démocratique du Congo, toutefois, consiste en la reconnaissance de l'agression extérieure menée au Nord-Kivu par le Rwanda, sans que ce pays soit nommé.

Hollande se pose en défenseur des libertés fondamentales

Euronews, mise en ligne le 13 octobre 2012

Des engagements en clôture du sommet
La déclaration de Kinshasa a résumé les engagements des 56 pays membres et 20 observateurs (en 2012, l’Arménie est devenue membre de l’organisation, l’Uruguay, observateur, et le Qatar, membre associé) «ayant le français en partage».

La Francophonie s'est engagée à soutenir l'Afrique dans tous les domaines et a adopté une série de résolutions sur les crises en RDC, au Mali, à Madagascar et en Guinée-Bissau.

Insistant sur la nécessité de poursuivre la réforme de la gouvernance mondiale pour «une représentation permanente et équitable de l'Afrique» au sein des organes de décision, le texte final a affirmé la détermination de l'organisation à accompagner le Mali et la RDC «dans leurs efforts pour faire respecter leur souveraineté et leur intégrité territoriale».

D’autres résolutions – non contraignantes – ont été adoptées sur les crises à Madagascar et en Guinée-Bissau, la bonne gouvernance dans les industries extractives et forestières ainsi que le renforcement de la lutte contre la piraterie maritime dans le golfe de Guinée.

Et en marge du sommet, le Premier ministre canadien Stephen Harper a annoncé une aide de près de 16 millions d'euros sur quatre ans en faveur d'un fonds international dont l'objectif est d'aider les pays en développement à gérer «de façon responsable et transparente leur industrie des ressources naturelles».

Enfin, le choix du pays d'accueil du sommet de 2014 a été dévoilé. Ce sera le Sénégal, pays natal du secrétaire général de l’organisation, Abdou Diouf, qui n'y participera toutefois pas.

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