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Est de la RDC : Kinshasa et Kigali évoquent leur différend à la tribune des Nations unies

La RDC a réitéré ses accusations contre le Rwanda alors que la France rejoint la liste des médiateurs entre les deux pays. 

Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Un camion, transportant des personnes voyageant sur la route nationale 2, coupé de la circulation lors d'affrontements entre l'armée congolaise et les rebelles du M23 à Kibumba, à quelques kilomètres de la ville de Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo, le 1er juin 2022. (GUERCHOM NDEBO / AFP)

Le président congolais Félix Tshisekedi a de nouveau accusé son voisin rwandais d' "agression" envers son pays. "Je dénonce, en ce lieu emblématique de la vie internationale, avec la dernière énergie cette énième agression dont mon pays est victime de la part de son voisin, le Rwanda, sous couvert d’un groupe terroriste dénommé M23 (Mouvement du 23 mars)"a-t-il déclaré le 20 septembre 2022 à la tribune des Nations unies qui tient son Assemblée générale.

Le dirigeant de la RDC a évoqué des "incursions directes" de l'armée rwandaise et l'occupation "des localités de la province du Nord-Kivu (est de la RDC)" par le M23 "auquel Kigali apporte un soutien massif tant en matériels de guerre qu’en hommes de troupes". Félix Tshisekedi a ainsi profité de l'occasion pour demander que "le dernier rapport des experts de l’ONU sur la situation sécuritaire" dans l'est de son pays soit distribué aux membres du Conseil de sécurité "afin d’en tirer toutes les conséquences qui s’imposent". Le document, qui a fuité, confirme ses accusations contre le Rwanda. Mais Kigali considère les conclusions du rapport "non valides". 

Intervenant à son tour à l'Assemblée générale le 21 septembre, le président rwandais Paul Kagamé a estimé (lien en anglais) que "le jeu des reproches ne résout pas les problèmes". "Il est urgent de trouver la volonté politique de s'attaquer enfin aux causes profondes de l'instabilité dans l'est de la RDC", a-t-il plaidé. "Ces défis ne sont pas insurmontables, et des solutions peuvent être trouvées". Ce qui serait "beaucoup moins coûteux en termes d'argent et de vies humaines", a conclu Paul Kagame. 

Trois pays pour négocier la paix 

Pour les Nations unies, la solution passe par des pourparlers entre trois pays : la RDC, le Rwanda et l'Ouganda. Lors d'un entretien accordé à RFI et France 24 le 18 septembre, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a rappelé les nationalités des acteurs à l'origine de l'insécurité en RDC. Outre le M23, "il ne faut pas oublier que les ADF (Forces démocratiques alliées, un groupe terroriste) sont un mouvement originaire de l’Ouganda. Il ne faut pas oublier qu’il y a encore dans le Congo, les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) qui est un mouvement sorti des génocidaires hutus".

Les autorités rwandaises ont déjà fait savoir que "tant que le problème des FDLR qui opèrent en étroite collaboration avec l'armée de la RDC ne sera pas pris au sérieux et traité, la sécurité dans la région des Grands Lacs ne pourra être assurée". Ce à quoi le président congolais a répondu à l'ONU en affirmant que son pays "n’est pas et ne sera jamais génocidaire".  "Je soutiens que la prétendue 'collaboration' que certains officiels congolais entretiendraient avec les opposants rwandais des (FDLR) dont se (sert le Rwanda) pour justifier les agressions répétées de la RDC est un alibi qui n’est corroboré par aucun fait avéré sur le terrain", a lancé Félix Tshisekedi. 

"Il y a des préoccupations de tous les pays, a souligné le 18 septembre Antonio Guterres. "Il faut (que Kinshasa, Kigali et Kampala) s’entendent parce que, penser qu’une force de maintien de la paix (Mission de l'ONU pour la stabilisation en RDC, Monusco) puisse résoudre des problèmes quand il y a maintenant des forces militaires extrêmement bien armées, c’est impossible". En juillet 2022, le Conseil de sécurité avait déjà appelé les groupes armés étrangers à "désarmer immédiatement" et à "retourner dans leur pays d'origine".

Paris veut jouer sa partition 

En marge de l'Assemblée générale et après leurs différentes prises de parole, les présidents congolais et rwandais se sont rencontrés "à l'intiative" de leur homologue français, Emmanuel Macron, le 21 septembre. 

Paris rejoint ainsi la liste des médiateurs dans le différend qui oppose Kigali et Kinshasa. Notamment le Kenya et l'Angola qui ont entrepris une médiation respectivement pour le compte de la Communaté d'Afrique de l'Est, qui réunit les pays de la sous-région, et l'Union africaine. 

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