Le Nord-Kivu en proie à la violence et aux exactions
La mutinerie du M23 a de nouveau embrasé une région chroniquement instable peuplée de Hutus, de Tutsis et de Maï Maï toujours prêts à en découdre.
La province - riche en ressources agricoles, mais aussi en ressources naturelles, principalement minières, en particulier le coltan indispensable à l'industrie des composants électroniques - constitue le principal foyer de conflits du pays et de tensions dans la région des Grands Lacs africains.
Frontalier du Rwanda, du Burundi, de l'Ouganda et de la Tanzanie, Le Kivu s'est trouvé au cœur des tragédies de la région : rivalités communautaires et politiques, conflits fonciers, exodes massifs en 1994 de près d'un million de réfugiés rwandais hostiles au régime de Kigali, présence de milices tribales, de miliciens rwandais hutu et de rebelles burundais et ougandais.
Les guerres de 1996-1997 et de 1998-2003 ont commencé dans le Kivu et à deux reprises, le Rwanda a envoyé des troupes et soutenu des rebelles, justifiant ses opérations dans l'Est par des impératifs de sécurité liés à la présence de rebelles rwandais hutu.
En 2007 et 2008, le Nord-Kivu est le théâtre d'affrontements entre l'armée et des soldats insurgés ralliés à l'ex-général tutsi congolais Laurent Nkunda. A la tête de la rébellion du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple), soutenue par le Rwanda, Nkunda met l'armée en déroute dans la région en 2008 et menace de prendre Goma, la capitale régionale.
Début 2009, à la suite d'un retournement d'alliance, les armées congolaise et rwandaise lance une opération sans précédent contre les rebelles des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) - regroupement de hutus rwandais supplétifs des forces gouvernementales congolaises pendant la guerre - alors que le tutsi congolais Nkunda est arrêté au Rwanda.
Le Nord Kivu à nouveau en proie à des violences
France 24, le 10 juillet 2012
Le M23 fauteur de troubles
Le groupe rebelle, qui s'est donné pour nom Mouvement du 23 mars (M23), est formé principalement d'ex-combattants de la rébellion tutsi congolaise du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple), intégrés dans l'armée de la RDC depuis 2009.
Le M23, dirigé par le colonel Sulutani Makenga, est composé d'un millier d'hommes, jadis regroupés autour de Bosco Ntaganda, un ex-général accusé de crime de guerre, qui se trouve sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI).
Début juillet 2012, la rébellion a pris plusieurs localités lors d’une offensive sur la route de Goma. Les combats avec l'armée congolaise, les Forces armées de la RDC (FARDC), ont provoqué la fuite des populations des villages de la région vers le nord. Un rapport de l'ONU affirme que de hauts responsables militaires rwandais soutiennent le M23, ce que Kigali dément.
De son coté, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dénonce, lui, des violences, à caractère ethnique de plus en plus affirmé, contre les civils.
«La détérioration de la situation sécuritaire générale dans le Nord-Kivu suite à la mutinerie du M23 et aux attaques impitoyables contre les civils qui y sont liées est extrêmement alarmante», prévient le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en RDC, Roger Meece.
Enquête sur des massacres de masse
L'ONU enquête sur des massacres ayant fait des centaines de tués début août 2012 sur le territoire de Masisi.
La force des Nations-unies pour la stabilisation du Congo (Monusco), composée d'une dizaine de milliers d'hommes chargés d'assurer une présence dissuasive, a recensé depuis mai 45 attaques visant 30 villages du Nord-Kivu.
Le bilan fait état de violations graves des droits de l'homme, des massacres de civils, des destructions et pillages d'habitations et de biens, ainsi que le déplacement massif de milliers de civils.
Selon la Haut-Commissaire aux droits de l'homme des Nations unies, Navi Pillay, «des rapports préliminaires suggèrent qu'un nombre important de personnes - pour la plupart des femmes et des enfants - auraient été massacrés. La brutalité même de ces tueries dépasse l'entendement. Dans certains cas, les attaques contre des civils pourraient constituer des crimes contre l'humanité», indique-t-elle.
Ces attaques sont imputées d’une part aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), principalement composées de Hutus et d’autre part à un groupe dénommé Raïa Mutomboki, composé en majorité de Tutsis congolais, soutenu par des Rwandais selon le gouvernement de Kinshasa.
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