L’exploitation du méthane du lac Kivu, au Rwanda : un marché explosif !
Avec les lacs camerounais de Nyos et de Monoun, le lac Kivu (quatre fois la taille du lac Léman et une profondeur pouvant atteindre 485 mètres) renferme de très fortes concentrations de gaz, ce qui le rend extrêmement dangereux. Il compte quelque 300 km3 de dioxyde de carbone et 60 km3 de méthane, gaz pouvant «servir de détonateur à une éruption limnique» (violent dégazage des couches profondes), selon Matthieu Yalire, chercheur à l'Observatoire volcanologique de Goma, sur la rive congolaise du lac.
En 1986, le CO2 brutalement libéré par le lac Nyos avait asphyxié plus de 1.700 personnes habitant dans un rayon de 25 kilomètres. En 1984, le même phénomène avait tué 37 personnes autour du lac Momoun.
On préfère ne pas imaginer telle catastrophe dans le lac Kivu, dont les rives sont très peuplées. Le méthane dissous dans l’eau et la proximité du volcan Nyiragongo, un des plus actifs d'Afrique, rendent pourtant ce scénario crédible.
L’exploitation du méthane est en cours
Ce particularisme n’a pas effrayé l'entreprise américaine ContourGlobal, qui vient de signer une concession de 25 ans et un accord avec EWSA, l'entreprise publique de production et distribution d'électricité au Rwanda. ContourGlobal, spécialisée dans la construction et la gestion de centrales électriques, finalise à Karongi les préparatifs de KivuWatt.
Premier projet énergétique mondial d'exploitation et de transformation du méthane en énergie, KivuWatt va changer la donne dans ce petit pays, en lui permettant de quasiment doubler sa capacité de production d'environ 115 MW. Le précieux gaz va aussi permettre de diversifier les sources d'énergie. Aujourd'hui, 46% de l’électricité du Rwanda est d'origine thermique et la facture annuelle du carburant importé pour alimenter les centrales s'élève à 40 millions de dollars.
But : l’électricité pour 70% des Rwandais
L’investissement représente environ 200 millions de dollars, financés en partie par des prêts d'institutions internationales d'aide publique au développement.
L'électrification du pays, et donc l'indépendance énergétique, est l'un des objectifs du gouvernement Kagamé pour 2020. Celui-ci prévoit que 70% de la population aura accès à l'électricité d’ici à 2017 contre 17% aujourd'hui.
L'ensemble du processus (par pompage) est conçu pour que «la structure du lac et la faune et la flore du lac ne soient pas modifiées», assure le chef du projet KivuWatt, Yann Beutler. Souhaitons-le, car le processus est bien engagé : une plateforme d’aspiration du méthane sera installée d’ici la fin 2014 sur le lac.
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