: Vidéo Le combat du couple Gauthier pour faire traduire en justice les génocidaires rwandais présumés installés en France
En 2001, Alain et Dafroza Gauthier fondent le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR). Le couple franco-rwandais se bat depuis des années pour que les personnes soupçonnées d’avoir participé au génocide en 1994, et qui vivent en France, se retrouvent devant les tribunaux… Extrait du magazine "13h15 le dimanche" du 8 juillet.
Deux anciens bourgmestres rwandais ont vu, vendredi 6 juillet 2018, leur condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité confirmée en appel par la cour d’assises de Paris pour leur participation au massacre des Tutsis dans leur village de Kabarondo en 1994. Reconnus coupables de "génocide" et de "crimes contre l’humanité", ils avaient refait leur vie en France, échappant à la justice. Tito Barahira et Octavien Ngenzi n’auraient probablement pas été inquiétés sans la ténacité d’un couple franco-rwandais : Alain et Dafroza Gauthier, fondateurs en 2001 du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR).
Ces deux Rémois, aujourd’hui à la retraite, ont été frappés de plein fouet par l’horreur : 800 000 Tutsis exterminés par leurs frères Hutus en seulement trois mois ! La famille de Dafroza a été presque entièrement tuée. Ensemble, ils consacrent tout leur temps à retrouver les suspects et à enquêter au Rwanda à la recherche des témoins du drame. Pour que la justice française puisse se saisir de ces dossiers de génocidaires présumés qui auraient échappé à la justice et qui sont installés sur le territoire national. Ce jour-là, deux femmes rwandaises venaient témoigner à la barre grâce au travail des Gauthier.
"C’est l’histoire du génocide qui s’écrit"
L’audition des deux amies de Kabarondo a duré de longues heures. "C’est très difficile parce que cela nous fait revenir en arrière. On revit ce que l’on a vécu. Nous sommes très fatiguées", témoigne l’une d’elles à la sortie du tribunal, avant de repartir très tôt dans leur pays, dès le lendemain matin. Alain Gauthier, comme chaque soir après chaque audience de ce procès qui aura duré deux mois, publie un compte-rendu des débats du jour sur le site du CPCR : "C’est un procès qui n’est pas du tout relayé par les médias. En écrivant, on fait un peu œuvre d’histoire, de mémoire. Au cours de ce procès, c’est l’histoire du génocide qui s’écrit. Si personne ne relate les audiences, cela risque d’être des paroles perdues."
"D’autres procès nous attendent, mais je ne sais pas s’il nous restera assez d’années à vivre pour mener cette tâche au bout", précise l’ancien professeur de français au magazine "13h15 le dimanche" (replay). L’ex-ingénieure chimiste ajoute de son côté : "L’essentiel, c’est d’avoir osé. Ce procès n’était pas gagné, car on est vingt-quatre ans après. On a trop tardé, forcément, mais l’essentiel est surtout ce qui a été initié et ce qui a été possible. Le reste ? D’autres poursuivront…" Seuls trois génocidaires ont pour l’instant été condamnés en France. Aujourd’hui, 21 plaintes du Collectif des parties civiles pour le Rwanda sont encore en cours.
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