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Sahara Occidental : «Une étincelle peut mettre le feu à la forêt», prévient l’UA

Doit-on craindre la reprise de la guerre des sables au Sahara Occidental? L’Union africaine n’exclut pas ce risque alors que les tractations se poursuivent à New York sur le renouvellement du mandat de la Minurso, la mission des Nations Unies dans l’ancienne colonie espagnole, dont les membres de la composante politique ont été expulsés par le Maroc.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Des milliers de Marocains manifestent contre le Secrétaire général de l'ONU, le 13 mars 2016 à Rabat, au lendemain de la visite de Ban Ki-moon dans les camps de réfugiés sahraouis en Algérie. (Photo AFP/Fadel Senna)

L’Union africaine a réagi par la voix de son envoyé spécial pour le Sahara Occidental, Joachim Chissano. Il participait à New York à une réunion informelle du Conseil de sécurité convoquée par l’Angola et le Venezuela. 

Il a appelé la communauté internationale à réagir avec fermeté pour éviter le risque d’une escalade dangereuse dans la région. «Le Sahara Occidental peut apparaître comme un petit problème, mais n’oublions pas qu’une étincelle peut mettre le feu à la forêt», a prévenu Joachim Chissano.
 
Pour lui, il est grand temps de mettre fin «à la frustration croissante dans les camps de réfugiés sahraouis» en donnant à ce peuple l’occasion de choisir librement son destin.
 
L’ancien président du Mozambique s’est dit consterné par la querelle qui oppose le Maroc au Secrétaire général de l’ONU depuis ses propos sur «l’occupation» du Sahara par le Maroc. Rabat avait expulsé dans la foulée 84 membres civils de la mission de l’ONU au Sahara Occidental. Du coup, la Minurso ne peut plus remplir son mandat. Un dangereux précédent pour d’autres missions de paix de l’ONU, selon Joachim Chissano.
 
L’envoyé spécial de l’Union africaine au Sahara Occidental appelle l’ONU à «fixer une date pour tenir le référendum d’autodétermination» au Sahara Occidental et à dénoncer «l’exploitation des ressources naturelles» du territoire sahraoui par le Maroc.
 
L'ancien président du Mozambique, Joachim Chissano, envoyé spécial de l'Union africaine pour le Sahara Occidental. Il invite l'ONU à règler le conflit pour éviter une nouvelle guerre. (Photo AFP/Marco Longari)

Voilà qui ne va pas arranger les choses entre l’Union africaine et Rabat qui accuse depuis longtemps l’organisation continentale de partialité. C’est la raison invoquée par le Maroc pour avoir claqué la porte de l’organisation de l’unité africaine en novembre 1984.
 
Le Front Polisario hausse le ton
Le Front Polisario a aussi averti des risques d’une reprise du conflit si le Conseil ne forçait pas le Maroc, y compris par des sanctions, à revenir sur sa décision d’expulsion des experts civils de l’ONU.
 
«C’est un défi sans précédent lancé au Conseil», a estimé Amhamed Khadad, un haut responsable du Front Polisario. Cette crise «a été fabriquée par le Maroc pour masquer sa volonté de ne pas s’engager dans des négociations sérieuses» pour régler le conflit, a-t-il affirmé à la presse.
 
Une décision «souveraine et irrévocable»
Le Maroc affirme pour sa part qu’il reste attaché au respect du cessez-le-feu et refuse toute tentative visant à saper son projet d’autonomie pour le Sahara. Même le Roi Mohamed VI a rompu le silence pour réaffirmer l’appartenance de ce territoire à son Royaume. C’était le 20 avril 2016, devant le premier sommet Maroc-Etats du Golfe tenu à Ryad. Ban Ki-moon, a-t-il affirmé, «mène une guerre par procuration… Il est instrumentalisé pour essayer de porter atteinte aux droits historiques et légitimes du Maroc concernant le Sahara.»

Le Maroc propose depuis 2007 un plan d’autonomie pour le Sahara Occidental, qu’il considère comme partie intégrante du royaume. Tandis que les indépendantistes du Polisario, soutenus par l’Algérie, réclament un référendum d’autodétermination.

Le bras de fer engagé à New York sur le conflit du Sahara Occidental est encore loin de trouver une issue pacifique. 

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