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"Divine", solo show de la photographe Delphine Diallo à la Fisheye Gallery à Paris

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min

L'exposition pose un regard résolument contemporain sur la femme noire.

Divine est une exposition de l’artiste visuelle et photographe franco-sénégalaise Delphine Diallo. Elle est visible jusqu’au 23 décembre 2021 à la Fisheye Gallery à Paris.

"Delphine Diallo est souvent la figure centrale de son travail, elle se représente sous de nombreuses formes qu’elle associe à son expérience de femme noire. Mais lorsqu’elle travaille avec ses modèles, un lien fort se crée. Pénétrant dans leur intimité, elle permet à ces dernières de se libérer et de devenir de nouveaux protagonistes. De ses rencontres naît un travail plastique à la fois naïf et affirmé. Ses portraits deviennent alors une ode à la libération de la femme. Elle allie l’art à l’activisme en poussant les nombreuses possibilités d’autonomisation des femmes, des jeunes et des minorités culturelles par la provocation visuelle", explique la galerie.

Cinq œuvres de l’artiste illustrent ce propos.

Delphine Diallo est née en 1977 à Paris. Après être sortie en 1999 diplômée de l’Académie Charpentier, école des arts appliqués, elle travaille dans l’industrie musicale pendant plusieurs années. A 30 ans, elle décide de s’installer à New York où elle rencontre et collabore avec le photographe et artiste Peter Beard. Suite à cette expérience, elle décide de vivre au Sénégal et de commencer sa vie d’artiste. Depuis, elle a participé́ avec le créateur Shepard Fairey à la campagne "We the People" pour la marche des femmes et à de nombreuses expositions collectives aux Etats-Unis. En 2020, un premier solo show lui a été consacré en France. De nombreuses célébrités sollicitent son travail. Aujourd’hui, elle est devenue l’une des figures majeures de la photographie contemporaine.    (DELPHINE DIALLO)
Sur le blog photo du Nikon Club, elle précise au niveau de son travail : "Ma mère m’a offert mon premier appareil photo, un Nikon EM, j’ai alors commencé à aborder la photographie comme je faisais mon travail artistique – avec détail et précision. La photographie de portrait artistique implique un artiste (le photographe), son outil (qui, dans mon cas, est le Nikon Z 7 II), un sujet et une déclaration, la vision de l’artiste étant toujours représentée dans la prise de vue. Le but de la photographie d’art est d’exprimer une idée, un message ou un sentiment. Mon travail reflète mes propres expériences de vie, les histoires de mes sujets et mes émotions profondes sur le monde dans lequel nous vivons. Je vois la photographie comme un moyen d’exprimer la conscience et un outil pour aider à promouvoir une société plus inclusive. La photographie est mon espace pour l’acceptation, l’intégrité, la sagesse, la beauté, la force, la foi, le mystère et la matière universelle."        (DELPHINE DIALLO)
Dans le magazine photo "Fisheye", elle déclare : "L’archétype de la femme guerrière et la psyché féminine sont complètement détruits par la société. Tant de femmes luttent pour comprendre ce qu’elles incarnent. La grande crise à laquelle les femmes sont confrontées aujourd’hui (est de) ne pas connaître leur archétype. (…) J’adopte un nouveau point de vue concernant la mythologie traditionnelle et les symboles spirituels que j’utilise pour donner du pouvoir aux femmes : l’énergie féminine est synonyme de collaboration, d’unité et d’intégration. Mon objectif est d’éveiller l’esprit féminin, qui est souvent endormi, et parfois réprimé, au sein de chacun – homme ou femme."    (DELPHINE DIALLO)
Dans un entretien au média culturel "Maze", elle déclare : "Beaucoup de mythes restent très masculins et enferment les femmes dans des représentations. Les archétypes féminins ont jusqu’alors été réduits à des rôles limités : celui de l’épouse, de la mère ou encore de la fille. On se limite nous-mêmes lorsque l’on évolue sous une égide patriarcale, on doute, on manque de confiance. Aujourd’hui, on a besoin de changer notre éducation et de corriger ce manque d’inspiration présent dans notre société. Il faut donner une nouvelle histoire à lire aux femmes. Les jeunes femmes doivent être inspirées par de vrais modèles de transformation. Elles ne doivent pas avoir pour unique références quelques artistes femmes, comme Frida Kahlo, dont les histoires sont dramatiques. Pour inspirer une nouvelle génération de femmes à changer le monde de l’art, il faut pouvoir transmettre des récits de transformation."       (DELPHINE DIALLO)
Pour l’historien et documentariste Pascal Blanchard qui a analysé son travail dans le livre "Divine by Delphine Diallo" publié aux édtions Hat & Beard, son travail est multiple, multiforme et surtout multidirectionnel. "J’ai été percuté par ses créations lorsque je préparais l’ouvrage "Sexe, race & colonies". J’ai eu le sentiment qu’elle était une des artistes contemporaines les plus puissantes pour déconstruire les images du passé colonial, et notamment les représentations de la domination sur les corps qu’avaient produits les colonisateurs. (…) Bien au-delà que de simplement "décoloniser les regards", elle fait prendre conscience de la puissance de la violence des images coloniales dans toutes leurs dimensions. (…) J’aime à dire qu’elle travaille comme les orientalistes du XIXe siècle, mais des orientalistes qui auraient lu Fanon et Césaire, qui auraient compris tout ce qu’ils voyaient et dont les peintures n’auraient pas été destinées aux salons des grandes métropoles coloniales. Des orientalistes qui auraient, en fin de compte, véritablement compris l’Afrique."      (DELPHINE DIALLO)

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