Les îles Canaries redeviennent une porte d’entrée en Europe pour les migrants
Ces derniers mois, les migrants africains ont repris la route des Canaries, de préférence à la Méditerranée, en raison d'accords de contrôles frontaliers conclus avec la Libye, la Turquie et le Maroc.
1 015 personnes sont arrivées les 9 et 10 octobre 2020 à bord de 37 embarcations sur les îles espagnoles de Lanzarote, Fuerteventura, Grande Canarie et Tenerife, à environ 150 km des côtes africaines. Plusieurs pirogues avaient pourtants été interceptées les jours précédents au large de M'Bour (au sud de Dakar) par les marines sénégalaise et espagnole dans le cadre du dispositif Frontex (agence européenne de contrôle des frontières). Ce rythme d'arrivées de migrants clandestins aux Canaries n'avait pas été constaté depuis plus d'une décennie, ont souligné les responsables de la Croix-Rouge.
Des mineurs fortement représentés
Un porte-parole de la Croix-Rouge a indiqué que les migrants étaient originaires du Maghreb ou d'Afrique subsaharienne et qu'ils se trouvaient en bonne santé. Ils ont été installés temporairement dans des hôtels fermés en raison de la crise sanitaire et du manque de touristes, et sous un chapiteau dans le port d'Arguineguin, où le secours maritime les a débarqués.
Neuf centres d’accueil d’urgence ont été ouverts par le gouvernement régional canarien pour accueillir les mineurs. Des mineurs, semble-t-il, fortement représentés dans cette vague migratoire.
Rappelons que sur les 529 mineurs non accompagnés arrivés en France en 2017, 60% venaient d’Afrique subsaharienne.
Une route redevenue très active
La route migratoire des Canaries, empruntée par des dizaines de milliers de migrants dans les années 2000, est redevenue très active depuis un an, à mesure que les contrôles se durcissaient en Méditerranée.
Du 1er janvier au 30 septembre 2020, 6 081 migrants sont ainsi arrivés sur l’archipel, soit six fois plus que pour la même période de 2019, selon le ministère espagnol de l'Intérieur. Le plus souvent, depuis le Maroc, situé à une centaine de kilomètres, mais aussi depuis des pays plus éloignés comme la Mauritanie, le Sénégal ou la Gambie, à plus de 1 000 km au Sud.
Sur cette route atlantique balayée par de forts courants, au moins 250 migrants sont morts entre le 1er janvier et le 19 août, d'après l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Les routes libyenne et marocaine plus difficiles
Si le coronavirus ne dissuade pas les migrants, il complique leur accueil : en arrivant, ceux qui sont positifs aux tests PCR doivent être isolés. Les personnes négatives sont placées en quatorzaine, un défi logistique.
De nombreuses ONG estiment que le renforcement des contrôles en Méditerranée et notamment sur la route partant du nord du Maroc incite les migrants africains à emprunter cet itinéraire atlantique. Plusieurs accords de contrôles frontaliers ont été conclus ces derniers années par l’Union européenne avec la Libye, la Turquie et le Maroc.
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