Pétrole et gaz : l'Afrique de l’Ouest, une zone de production incontournable
Plusieurs pays de la côte ouest-africaine pourraient rejoindre, dans un proche avenir, le cercle restreint des pays exportateurs de pétrole et de gaz.
Les tests concluants menés au Sénégal par une entreprise écossaise, Cairn Energy, ont confirmé l’existence d’un pétrole de bonne qualité sur le littoral Sud-Ouest. Les réserves sont estimées à plus d’un milliard de barils. De quoi susciter de réels espoirs dans le pays.
Tous les ministères sénégalais ont été invités à «se mobiliser pour se préparer à l’industrie et à l’écosystème du pétrole. On peut être raisonnablement optimiste», a déclaré le ministre de l’énergie. Le Sénégal espère produire son premier baril de pétrole en 2019-2020.
Des gisements de gaz relativement conséquents
Autre bonne nouvelle pour le Sénégal, le pays dispose d’importantes réserves de gaz estimées à 450 milliards de m3 découvertes récemment au large de Saint Louis, sur un gisement offshore réparti de part et d’autre de la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie. Des gisements de gaz relativement conséquents qui seront exploités conjointement par les deux pays.
La Mauritanie est déjà producteur de pétrole depuis 2006. La production est encore faible. A peine 2 millions de barils par an. Mais plusieurs gisements ont été repérés ces dernières années. Ils sont estimés à près d’un milliard de barils de pétrole d’une qualité plutôt bonne.
C’est surtout le gaz de Banda, découvert à 50 km au large de Nouakchott qui a ouvert de nouvelles perspectives pour le pays. Kosmos Energy a annoncé deux autres découvertes de gaz majeures offshore en 2015. Reste à convaincre les investisseurs.
Quant au Ghana, qui est entré lui aussi dans le club des pays producteurs de pétrole en décembre 2010, il produit actuellement 100.000 barils par jour, mais il espère franchir le seuil de 250.000 barils/j d’ici 2021.
Le Niger fait aussi partie du club depuis 2011. Les réserves de ce pays sahélien très pauvre sont estimées à 480 millions de barils. Dans un premier temps, sa modeste production de brut a été réservée à la consommation locale.
Production pétrolière en plein essor
Selon une étude publiée par le groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP) basé à Bruxelles, l’Afrique de l’Ouest fait désormais partie des zones pétrolières incontournables de la production mondiale.
En 2012, cette région représentait 30% de la production africaine, soit 3,29% de la production mondiale. L’étude du GRIP révèle qu’à l’exception du Burkina et du Cap Vert, tous les Etats d’Afrique de l’Ouest mènent des opérations d’exploitation pétrolière.
Dans le club des producteurs, c’est le Nigeria qui tient le haut du classement avec une production record de 1,8 million de barils/jour. Ses gisements disséminés dans le bassin du Delta du Niger renferment plus de 37 milliards de barils.
Outre le géant nigérian, cinq Etats ouest-africains sont actuellement producteurs d’or noir : le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Mauritanie et le Niger. Dix autres Etats en sont encore au stade de l’exploitation à l’instar du Sénégal.
Les prospections déjà effectuées dans la région ont révélé des réserves estimées à plus de 40 milliards de barils. La production pétrolière de l’Afrique de l’Ouest va donc s’accroître considérablement au fil des découvertes de nouveaux gisements et leur exploitation.
Convient aux besoins américains et européens
Le GRIP explique que parce qu’il est léger et peu soufré, le pétrole ouest-africain convient aux besoins européens et américains en carburant, car plus facile à raffiner. Et ce n’est pas tout. Sa proximité constitue aussi un atout indéniable.
«Les gisements offshore et côtiers de l’Afrique de l’Ouest offrent une facilité d’accès et permettent une réduction des coûts et de la durée des transports. Par exemple, il faut seulement deux semaines pour que le pétrole ouest-africain atteigne les Etats-Unis, contre six pour celui en provenance du Moyen-Orient», expliquent les chercheures Claire Kupper et Margaux Vaghi qui ont mené l’enquête.
Pour elles, le pétrole donne aux Etats de la région, non seulement un nouvel accès aux ressources énergétiques indispensable pour leur propre développement, mais ces Etats se positionnent aussi «en acteurs incontournables dans un domaine aussi stratégique que celui du pétrole».
L’étude du GRIP tempère enfin l’enthousiasme qui règne dans les pays pétroliers de l’Afrique de l’Ouest : «Le défi majeur sera de transformer la manne financière issue du pétrole en une opportunité de développement bénéfique aux populations, pour éviter que la malédiction du pétrole» ne mette la région à feu et à sang. Comme ce fut le cas au Nigeria.
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