Sénégal : les autorités interdisent une marche contre le report de la présidentielle et suspendent internet sur les mobiles

Le Sénégal est en proie à l'une de ses plus graves crises politiques des dernières décennies depuis que le président a annoncé le 3 février le report de la présidentielle, à trois semaines de l'échéance.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des journalistes manifestent pour la liberté de la presse à Dakar au Sénégal, le 12 février 2024. (JEROME FAVRE / EPA / MAXPP)

L'ONU se dit "profondément préoccupée" par la situation. Les autorités sénégalaises ont interdit une grande marche prévue par la société civile mardi 13 février à Dakar contre le report de dernière minute de la présidentielle et la prolongation du mandat du chef de l'Etat.

Internet sur les mobiles a également été suspendu "en raison de la diffusion sur les réseaux sociaux de plusieurs messages haineux subversifs qui ont déjà provoqué des manifestations violentes", selon le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique.

"Coup d'Etat constitutionnel"

Le nouveau collectif Aar Sunu Election ("Protégeons notre élection"), qui revendique plusieurs dizaines d'organisations syndicales et de groupes citoyens et religieux, appelait les Sénégalais à se rassembler massivement pour une marche silencieuse à partir de 15 heures (heure locale) dans un quartier proche du centre de la capitale. Mais la préfecture a interdit la manifestation parce qu'elle "risque de perturber gravement" la circulation, selon une lettre officielle publiée sur les réseaux sociaux.

Le Sénégal est en proie à l'une de ses plus graves crises politiques des dernières décennies depuis que le président Sall a annoncé le report de la présidentielle le 3 février, à trois semaines de l'échéance. Ses partisans à l'Assemblée nationale et ceux de Karim Wade, candidat disqualifié, ont ensuite entériné le renvoi de l'élection au 15 décembre et le maintien du président Sall à son poste jusqu'à la prise de fonctions de son successeur, a priori donc début 2025.

Ce changement in extremis, exceptionnel dans un pays vanté pour sa stabilité et ses pratiques démocratiques, a provoqué des cris de "coup d'Etat constitutionnel". L'opposition soupçonne le camp présidentiel de s'arranger avec le calendrier parce qu'il est sûr de la défaite de son candidat, le Premier ministre Amadou Ba, désigné par Macky Sall pour lui succéder.

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