Africités: une campagne «Zéro enfant des rues dans les villes africaines»
«Zéro enfant des rues dans les villes africaines» est une campagne lancée par le réseau des Femmes élues locales d’Afrique (Refela). Elle doit d’une part attirer l’attention sur une situation moralement inacceptable et d'autre part mobiliser tous les acteurs, à commencer par les élus locaux, pour donner une seconde chance à ces enfants exposés à tous les dangers et en situation de grande vulnérabilité.
Cette campagne arrive alors que le phénomène des enfants des rues émerge comme un des problèmes sociaux les plus préoccupants dans les villes africaines. Une centaine de maires (Tunis, Ouagadougou...) ont déjà signé cet appel et cet engagement.
«Il s’agit d’apporter un soutien concret aux villes engagées dans cette campagne à travers le partage de bonnes pratiques et la mise à disposition d’un modèle d’intervention à même de faire face efficacement à ce problème», explique à Géopolis Malilka Ghefrane Giorgi de CGLUA (Cités et gouvernements unis d’Afrique).
30 millions d'enfants concernés
«On estime à 30 millions les enfants qui vivent dans les rues des grandes villes africaines. Il faut agir avant que ce phénomène ne devienne incontrôlable», ajoute Céléstine Ketcha, maire de Bangangté au Cameroun et présidente du Refela.
«C’est la faillite d’une famille, mais aussi d’un système, c’est le recul de nos valeurs, il faut retrouver nos valeurs de solidarité, précise Céléstine Ketcha. Il faut donner à ces enfants des rues l’accès aux services sociaux, en particulier l’accès à la santé, à l’éducation et à l’hébergement afin de réduire ce phénomène d’ici 2030.»
Enfants sur les routes
«On pense souvent qu’il n’y a que des garçons mais non, il y a aussi des fillettes dans les rues», déclare à Géopolis Mme Moatre, maire d’une ville du nord du Togo. «Dans ma région, ce sont aussi des enfants qui partent sur le chemin de la migration.»
«La pauvreté n’explique pas tout, ce sont parfois des enfants de classe moyenne en rupture de ban, qui fuient les violences d’une famille ou d’un enseignant», lance pour sa part le maire de Rabat Mohamed Sadiki, qui se dit en contact avec ces enfants des rues. «Il faut mettre en place des instruments législatifs comme l’école obligatoire jusqu’à 16 ans et surtout des centres d’accueil.»
Engagement du Maroc
«Le Maroc montre un peu la voie, avec la mise en place depuis 2015 d'un observatoire indépendant (ONDE), une direction ministérielle qui s’occupe de la jeunesse et des enfants défavorisés. Avec un début de prise en charge des enfants», explique Malika Ghefrane Giorgi.
Certains de ces enfants se retrouvent sur la route de l’immigration, parfois jusqu’en Europe. Selon le HCR, plus de 11.000 enfants et jeunes non accompagnés ont été identifiés sur les différentes routes de la Méditerranée.
Une campagne pour les enfants des rues parrainée par la princesse Lala Meryem, de la famille royale marocaine, un signe fort de l’engagement marocain, selon les observateurs réunis à Marrakech au sommet Africités.
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