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Afrique: des applications mobiles pour combattre la criminalité
La technologie et la téléphonie mobile deviennent de nouveaux outils pour lutter contre la criminalité et aider la justice. En République démocratique du Congo, en Afrique du Sud et au Kenya, c’est déjà une réalité ou presque.
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Medicapt, Namola ou plus prosaïquement NCSC Kenya sont de nouvelles armes contre la criminalité dans plusieurs pays africains. Medicapt est une application mobile développée par l’ONG américaine Physicians for Human Rights (PHR) dans le cadre de son programme contre les violences sexuelles en zones de conflit.
Elle permet aux membres du corps médical de collecter des informations sur les victimes de violences sexuelles et leurs agresseurs, ainsi que des données qui serviront éventuellent à documenter une procédure judiciaire. Medicapt est actuellement testée en République démocratique du Congo, selon Voice of America, et devrait être mise en service durant l’été 2017 dans l’est du pays où les violences sexuelles sont devenues l'un des crimes de guerre les plus répandus depuis des décennies.
Contre les crimes de guerre
L’hôpital de Panzi, créé par le célèbre médecin congolais Denis Mukwege qui tente de soigner les femmes victimes de violences sexuelles, est partenaire de l’ONG américaine. L’établissement médical abrite le bureau local du programme de PHR sur les violences sexuelles dans les zones de conflit.
«Si l’application peut servir à mettre en évidence les violences massives et les violations de droits de l'Homme, la protection des victimes reste une priorité», souligne Karen Naimer, directrice du programme de PHR contre les violences sexuelles en zones de conflit, rapporte Reuters.
.@P4HR is developing an app that can collect data to help secure prosecution for #warcrimes in #DRC. https://t.co/QL8inCSmXB
— Physicians for Human Rights (@P4HR) June 14, 2017
Aider les citoyens en cas d’agression, c’est aussi la vocation de l’application sud-africaine Namola, déployée dans la province du Gauteng, en Afrique du Sud. Cette dernière abrite respectivement la capitale économique, Johannesburg, et la capitale administrative Pretoria, où l'application Namola a été auparavant testée.
Témoins et victimes d’un crime ou d’une agression peuvent ainsi grâce à leur téléphone portable, où l’appli est téléchargée gratuitement, prévenir une patrouille provinciale se trouvant à proximité du lieu de l’incident. Ainsi, au maximum «90 secondes» après avoir donné l’alerte, les usagers sont censés recevoir un appel de la police qui leur demande de préciser le motif de leur appel et qui les prévient qu’une patrouille est en route.
Pour accélérer l'intervention de la police
L’objectif premier de Namola est de réduire le temps d’intervention de la police, souvent critiquée pour sa lenteur dans la province la plus urbanisée et la plus peuplée d’Afrique du Sud. Lancée depuis environ un mois à l’échelle de la province du Gauteng, elle a été déjà téléchargée plus de 50.000 fois.
#NamolaSafetyApp now has almost 55 000 downloads. Be part of the solution and get it FREE if you don't have it. #MakeSAsafe @NamolaApp pic.twitter.com/toHcp8efsr
— #MakeSASafe (@MakeSAsafe) June 17, 2017
L’application est totalement opérationnelle dans le Gauteng, mais elle est reste accessible partout en Afrique du Sud, où la criminalité est un fléau. En dehors de la province, elle renvoie à un numéro d’urgence.
Au Kenya, depuis janvier 2017, le centre national de recherche sur la criminalité (National Crime Research Centre) a lancé une application qui permet, elle, de signaler les crimes de façon anonyme. «Jusqu’à 70% de tous les crimes sont passés sous silence parce que les gens ont peur de s’adresser à la police», a indiqué le procureur général de la République Githu Muigai lors du lancement de l’application.
Mieux documenter la criminalité
Les autorités kényanes veulent ainsi capitaliser sur le taux d'équipement élevé des Kenyans pour lutter contre l'insécurité. Selon l’agence de presse chinoise Xinhua, 44% des 38,5 millions de Kenyans qui ont un abonnement mobile possèdent un smartphone.
Selon le Daily Nation, l’usager, qui n’est pas géolocalisé contrairement à l’application sud-africaine Namola, doit juste s’identifier en tant que «victime» ou «témoin» et donner des informations, y compris des preuves s’il en dispose (photos, enregistrements) de l’incident signalé. Elles sont reçues en temps réel par le National Crime Research Centre qui informe la police.
A terme, l’application doit permettre d’identifier les zones les plus dangereuses pour permettre aux autorités kényanes de prendre les mesures adéquates.
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