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Algérie: l'opposant mozabite Kamel Eddine Fekhar libéré après deux ans de prison

Après avoir purgé deux ans de prison, dont trois mois de grève de la faim, l’opposant algérien Kamel Eddine Fekhar a retrouvé la liberté. Militant mozabite et défenseur des droits de l’Homme, il était poursuivi pour 18 chefs d’inculpation dont celui d’«atteinte à la sûreté de l’Etat», après les violences inter-communautaires qui avaient secoué la région de Ghardaïa, dans la vallée du M’Zab.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'opposant algérien, Kamel Eddine Fekhar (D), après sa libération de la prison de Médéa le 16 juillet 2017. Photographie prise par son avocat Salah Dabouz et postée sur le site Facebook de ce dernier. (Salah Dabouz)

Annoncée depuis le début du mois pour le 15 juillet 2017 par son avocat Salah Dabouz, la libération du militant mozabite et défenseur des droits de l’Homme, Kamel Eddine Fekhar, de la prison de Médéa, n’est intervenue que le lendemain de manière non expliquée.

Arrêté à la sortie d'une mosquée à Ghardaïa avec 27 autres personnes              
Il avait été arrêté deux ans auparavant, le 15 juillet 2015, à la sortie d’une mosquée à Ghardaïa, en compagnie de 27 autres personnes, dans la foulée des événements qui avaient secoué la vallée du M’Zab, à 600 km au sud d’Alger.

De violents heurts avaient opposé dans la nuit du 12 au 13 mars 2014 des centaines de jeunes Chaâmbis (arabes) et Mozabites (minorité berbère) dans plusieurs quartiers de Ghardaïa. La région était depuis trois mois le théâtre de ce genre de heurts, qui avaient fait au moins quatre morts parmi les Mozabites et plus de 200 blessés.
 
Depuis son arrestation, Kamel Eddine Fekhar était placé sous mandat de dépôt et était poursuivi pour pas moins de 18 chefs d’inculpation, dont notamment ceux d’«atteinte à la sureté de l’Etat», «trouble à l’ordre public» et «incitation à la haine et à la violence».

Jugé après 23 mois de détention 
Après 23 mois de détention sans procès, il a été jugé et condamné par trois fois. Une première fois à 18 mois de prison, une autre à un an et une troisième à deux ans. La justice tranchera pour la peine la plus lourde. Celle de deux ans, qui devait prendre fin le 15 juillet.
 
Dix huit mois après son incarcération, il avait entamé une grève de la faim pour dénoncer l’absence de procès, à la suite de laquelle il a été hospitalisé. Son avocat, maître Dabouz, s’était personnellement mobilisé en entamant, le 15 avril 2017, une marche de 400 km, d’Alger vers l’hôpital Laghouat, où se trouvait Kamel Eddine Fekhar à ce moment-là.
 
Deux mois auparavant, son avocat avait expliqué les raisons de l’acharnement du pouvoir contre sa personne. «A cause de ses efforts pour démasquer les pratiques illégales des services de sécurité durant les heurts (à Ghardaïa), mon client a publiquement dénoncé l’implication directe ou indirecte d’éléments, soit en couvrant les agissements de bandes hors-la-loi, soit en y prenant part», avait-il déclaré à Jeune Afrique

L'Etat ne lui pardonne pas sa volonté d'internationaliser les heurts de Ghardaïa 
Pour maître Dabouz, le régime lui en veut également pour sa tentative d’internationaliser l’épisode des violences à Ghardaïa. «L’Etat algérien ne lui pardonne pas la lettre qu’il a adressée le 2 juillet 2015 au Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, dans laquelle il parlait d’un possible génocide contre la population mozabite», explique encore l’avocat.
 
Lors de sa grève de la faim et de son hospitalisation, l’ex-président du bureau de Ghardaïa de la Ligue des droits de l’Homme avait confié à son avocat sa détermination à aller jusqu’au bout. «Pour lui, c’est soit un retour à la maison, soit le cimetière», avait prévenu Salah Dabouz.
 
Désormais, Kamel Eddine Fekhar est de retour à la maison.

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