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Algérie : ouverture d'une enquête après des accusations de torture d'un étudiant

Lors de son procès, Walid Nekkiche, 25 ans, a dit avoir été "agressé sexuellement, physiquement et verbalement" par des éléments des services de sécurité pendant une garde à vue.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Tribunal de Dar El Baida, Alger, le 4 février 2021. (RYAD KRAMDI / AFP)

Le parquet général auprès de la cour d'Alger a ordonné, dimanche 7 février, l'ouverture d'une enquête après le témoignage d'un étudiant algérien qui affirme avoir été torturé par des membres des services de sécurité. Lors de son procès le 1er février, Walid Nekkiche, 25 ans, resté plus d'un an en détention administrative, a dit avoir été "agressé sexuellement, physiquement et verbalement" par des éléments des services de sécurité pendant une garde à vue. Un témoignage éprouvant qui a suscité une vive indignation en Algérie.

Pression médiatique

"Dans le but d'établir la vérité sur ce qui se serait passé dans l'affaire du citoyen Walid Nekkiche", le parquet a ordonné au "procureur de la République auprès du tribunal de Bir Mourad Rais de diligenter une instruction préliminaire sur les faits avancés par le concerné et a chargé la police judiciaire compétente de cette mission", selon un communiqué du parquet. L'ouverture de l'enquête fait suite aux "réactions et commentaires" des médias qui ont été "provoqués par les déclarations du jeune étudiant", a-t-il ajouté, disant s'inquiéter pour le "respect de la liberté et de la dignité des suspects placés en garde à vue".

"Plus jamais ça"

"(...) Les soupçons de torture et de sévices ont toujours pesé sur les prisons et certains corps de sécurité algériens et les récits de nombreux militants et hirakistes qui ont eu affaire à certains éléments de la police, de la gendarmerie ou de l’ex-DRS (Services de renseignement, NDLR), (au moins) depuis 2019 sont accablants et interpellent les plus hautes autorités sur l’urgence de faire toute la lumière sur les graves accusations portées contre ces institutions", s'alarme le quotidien francophone Liberté

"J'ai vécu l'enfer (...) J'ai beaucoup enduré durant ces quatorze mois de prison et surtout les six jours passés à la caserne Ben Aknoun"

Walid Nekkiche , étudiant

à Liberté

 Six mois ferme

Lors du procès, le procureur du tribunal de Dar El Beida à Alger avait requis la perpétuité contre l'étudiant, poursuivi pour "complot contre l'Etat", "atteinte à l'intégrité du territoire national" et "incitation de la population à prendre les armes", des chefs d'accusation très graves au regard de la loi algérienne. Le jeune homme a été finalement condamné à six mois de prison ferme pour "distribution et possession de tracts pour porter atteinte à l'intérêt du pays". Et comme la peine de six mois était couverte par la durée de la détention préventive, il a été libéré mardi 2 février.

Walid Nekkiche avait été arrêté le 26 novembre 2019 à Alger lors d'une marche hebdomadaire des étudiants du "Hirak", le mouvement de protestation antirégime né en février 2019 et suspendu depuis la crise sanitaire. La révélation des sévices infligés à Walid Nekkiche a été abondamment commentée dans certains médias et sur les réseaux sociaux.

"Dans l'attente d'un nouveau procès équitable et impartial (de Walid Nekkiche), la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme continuera à suivre de près ce dossier jusqu'à ce que la vérité soit établie et la justice soit faite", a réagi auprès de l'AFP son vice-président Saïd Salhi.

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